Batwoman c’est le bébé de J.H. Williams III. A travers ce titre, il installe un univers de fantastique et d’horreur au cœur de Gotham, nous proposant une alternative, crédible et passionnante, aux histoires et sagas de Batman.
Le tome #4 avait été un petit bijou, où en plus des ingrédients habituels, Williams et W. Haden Blackman ajoutaient une petite dose de mythologie avec la présence de Wonder Woman. Dans ce troisième volume, l’intrigue de Batwoman, de Médusa et du D.E.U.S. avait su me captiver comme rarement. Et si Batwoman est chère au cœur du scénariste, Katherine Kane l’est tout autant et le final grandiose se consacre sur la jeune femme, même si elle porte le masque, et une surprenante demande en mariage pour le belle Maggie Sawyer !
Pour Batwoman, la lutte contre le crime est une histoire de famille. Son père, colonel dans l’armée de terre américaine, est depuis toujours son mentor. Sa cousine, Flamebird, est désormais son acolyte. Quand à Maggie Sawyer, sa fiancée, elle est le capitaine de la police de Gotham. Mais leur union sera-t-elle suffisante pour arrêter la menace du « Culte du Crime » qui pèse sur la ville, et dont le leader n’est autre que sa sœur Alice, l’une de ses plus grandes ennemies ? Batman devra-t-il intervenir ?
(Contenu : Batwoman #18-24 + Annual #1)
Et voilà, nous attaquons le dernier tome de Batwoman. Oui, Urban Comics annonce cinq tomes, mais il faut prendre en compte le #0. Oui, il y a d’autres épisodes, mais nous avons là les derniers signés par J.H. Williams III et W. Haden Blackman. Les deus scénaristes, véritables architectes du titre, du personnage et de son succès, ont décidé de quitter DC Comics après l’épisode #24 devant le refus de l’éditeur de les laisser écrire leur histoire. C’est notamment l’idée du mariage entre Kate et Maggie qui a bloqué. Quel dommage !
Batwoman œuvre donc maintenant en équipe avec sa cousine, Flamebird, sous la « supervision » de son père et en même temps pour le D.E.U.S., mais cette seconde collaboration pèse de plus en plus sur la jeune femme. Et lorsque sa dernière mission, face à Mister Freeze, la met en porte-à-faux vis-à-vis de Batman, elle décide de tirer un trait sur l’organisation. Même les menaces qui pèsent contre son père ne suffisent plus à la retenir. C’est alors que Bones va lui proposer un marché diabolique. Soit sauver sa famille, toute sa famille, soit sauver Batman ! Elle pourra récupérer un être cher en échange de l’identité de Batman ! Et même si les relations avec ce dernier sont tendues, il reste son modèle, l’inspiration du blason qu’elle porte sur la poitrine.
Mais faire tomber Batman n’est pas une mince affaire, ce n’est pas n’importe qui. Et même entourée de son père, sa cousine, mais aussi maintenant de Maggie et même de sa belle-mère, qui à découvert le pot aux roses, cela ne saura peut-être pas suffisant pour retirer le masque du héros protecteur de Gotham…
Beaucoup d’action, encore une fois dans ce tome, c’est moins fantastique que d’habitude, on retrouve une ambiance noire plus classique, plus propre à Gotham, se rapprochant très fortement des autres titres du Batverse.
Le travail sur les personnages est toujours un point essentiel du scénario des deux scénaristes. Kate se retrouve déchirée entre deux et son père trouve en Maggie, un moyen de contrebalancer avec le caractère si borné de sa fille. A son côté têtue, la commissaire Sawyer lui oppose son amour, leur relation. La synergie entre tous ces personnages n’en devient que plus passionnant.
Même des personnages comme l’agent Chase ou Croc ont droit à leurs petits moments perso. Une nouvelle orientation pour le méchant à la peau d’écaille (très intéressante) et des détails sur le passé de l’agent du D.E.U.S. qui approfondissent le personnage.
Graphiquement, il faut se faire une raison, Williams III se contente du scénario. La touche graphique est signée par Trevor McCarthy. Si l’artiste tente de garder l’esprit insufflé par son prédécesseur, avec une mise en page plus qu’originale, absolument vivante et totalement artistique, il n’en atteint pas le génie. C’est pourtant très joli, attention. Mais les traits sont parfois moins fins, moins inspirés, et la mise en page de génie si artistique n’apparait que de façon ponctuelle et ne semble pas toujours être faite de manière naturelle.
Aux crédits apparaissent également les noms de Francesco Francavilla, qui signe l’épisode sur Croc dans son style caractéristique et plaisant habituel, et Moritat, absolument pas à la hauteur.
Bref, un bijou tout simplement. J.H. Williams III et W. Haden Blackman connaissent leur personnage, l’aiment profondément et cela se ressent dans les histoires qu’ils lui font vivre mais aussi dans le plaisir de lecture que cela nous procure. Malheureusement, il est bien triste, si nous avons le droit au final de Batwoman face au D.E.U.S., de ne pas avoir droit à celui imaginé par les scénaristes pour Kate et Maggie.