Le château des animaux est une série qui m’a profondément ému après la lecture de son premier tome. Tout y était parfait. Des personnages, une histoire, des planches sublimes, un message… Ce chef d’œuvre est l’œuvre conjointe de Xavier Dorison et Felix Delep. C’était donc un vrai plaisir de débute la lecture du deuxième opus intitulé Les Marguerites de l’hiver.
Le contexte rappelle celui de La ferme des animaux. L’histoire se déroule dans un château comme le laisse supposer le titre. Les hommes sont partis. Il ne reste plus que des animaux. Hélas sans surprise s’y est installée une nouvelle hiérarchie dictatoriale. Le taureau Silvio fait régner la terreur, aidé par une milice de chiens. Pendant ce temps les poules, les ânes, les chats et les autres s’épuisent à répondre aux attentes disproportionnées de leurs dirigeants. Mais l’étincelle de la résistance apparait avec l’arrivée dans les lieux d’une souris au discours pacifique et résistant…
L’héroïne de l’histoire est une courageuse chatte nommée Miss Bengalore. Elle est mère célibataire et a toutes les difficultés du monde à joindre les deux bouts pour s’occuper de ses chatons. Mais la dureté de son quotidien ne l’empêche pas d’avoir un sens des valeurs admirables et elle se montre toujours soucieuse d’aider son prochain. Elle devient l’élément moteur de la révolte sans violence qui va naître dans le château. Elle accepte de se mettre en danger pour faire naitre l’espoir d’un monde meilleur chez ses amis et générer le doute et la crainte chez ses tyrans. C’est le combat mené par cette remarquable combattante que nous conte cet album…
Ce second opus nous plonge dans l’installation d’un rapport de force entre dominants et dominés. L’hiver est rude et il devient compliqué pour beaucoup des habitants du château d’acheter du bois pour se chauffer. Ce besoin vital pour surmonter cette saison difficile rend complètement dépendant le peuple de ses dirigeants. Ces derniers en ont conscience et ne font preuve d’aucune empathie quand il s’agit d’offrir quelques branches aux plus fragiles de la communauté. Cette injustice et ce sadisme deviennent insupportables. Miss Bengalore prend la tête d’un mouvement dont l’unique revendication est la suivante : la gratuité du bois pour tous… C’est ce combat courageux que nous fait vivre Les Marguerites de l’hiver…
Cet ouvrage est un petit bijou par le discours qu’il nous conte. Les valeurs d’humanité, de solidarité et de courage sont sublimées par le scénario. À aucun moment, les auteurs nous font la leçon. Bien au contraire, ils éveillent en nous une flamme qu’il faudra veiller à ne jamais éteindre. « Rien ne rapproche mieux les animaux qu’un combat pour une cause juste […] Pour ça, ce que vous devez trouver, c’est un combat que vous pouvez gagner, et surtout qu’eux peuvent accepter de perdre… » Cet extrait résume remarquablement l’esprit de cet album. Qui peut ne pas y être sensible ?
En plus de s’appuyer sur un scénario remarquable, l’histoire est magnifiée par la qualité des planches. Felix Delep est un dessinateur d’un talent rare. Chaque page est une œuvre d’art. La précision de son travail, la finesse des couleurs… Les animaux, les décors, l’atmosphère… Tout est parfait. Je suis subjugué par la beauté de l’album qui est un véritable chef d’œuvre graphique.
Pour conclure, Les Marguerites de l’hiver est incontestablement un des meilleurs albums de ces dernières années. Tous les aspects du neuvième art sont parfaitement traités et exploités. Je suis subjugué par le travail des auteurs et ne peut donc que remercier les auteurs pour la lecture qu’ils m’ont offerte. Je n’ai plus qu’une envie, découvrir la suite du combat dans le troisième épisode intitulé La nuit des justes…