Pour les adeptes de retrouvailles à la campagne...

Cela a été une très agréable surprise de voir apparaître en librairie le sixième tome de la série Le retour à la terre. Le dernier opus datait de presque dix ans et je dois bien dire que j’avais fait mon deuil de découvrir la suite des aventures de Manu et sa petite famille. Quel plaisir de voir que Manu Larcenet et Jean-Yves Ferri reprenait leur collaboration pour redonner vie à une série pour laquelle j’ai toujours eu beaucoup d’affection. En effet, Le retour à la terre est une série grand public et divertissante qui garantit à son lecteur de passer un agréable moment. J’espérais donc que Les métamorphoses, dernier opus en date s’inscrive dans cette lignée…

La série se construit autour de Manu, auteur de bandes dessinées, qui décide avec sa petite famille d’aller vivre à la campagne et de fuir les tumultes de la vie citadine. La grande nouvelle du dernier tome est que Manu va être père pour la seconde fois. Cette nouvelle a tendance à l’angoisser presque autant que ses difficultés à finir de dessiner son dernier projet professionnel. Bref, ses névroses n’ont pas fini de nous faire rire…

L’album se construit d’une manière simple et récurrente. Chaque planche se découpe en deux histoires composées chacune de six cases. Chacune peut se lire indépendamment mais s’inscrive clairement dans un fil conducteur qui accompagne toute la lecture de l’ouvrage. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu les cinq premiers tomes pour profiter pleinement de Les métamorphoses. Les caractères des différents protagonistes sont suffisamment lisibles pour qu’un nouveau lecteur se les approprie sans difficulté.

La dimension humoristique de l’album s’appuie sur plusieurs ingrédients majeurs. Le premier est le point commun à toute la série. Il s’agit des interactions quotidiennes de Manu avec sa nouvelle vie à la campagne. Les années ont beau passé mais Manu garde ce regard de citadin qui découvre un monde nouveau. Il en découle une vision de la communauté rurale locale très drôle. Madame Mortemont l’incarne parfaitement. Elle est caricaturale, drôle et attachante. L’aspect spécifique de Les métamorphoses concerne la future naissance du deuxième enfant de Manu. On y retrouve toutes les caractéristiques du futur père qui refuse de grandir et qui a du mal à quitter l’enfant qu’il est encore. Là-encore le résultat est drôle et mignon à la fois. Ce tome voit également apparaître le personnage de Philippe représentant de sa maison d’édition qui décide d’aller voir Larcenet pour évoquer un changement de ligne éditoriale. Le trajet de ce parisien vers l’univers de la ruralité est construit à la manière de celui de l’écureuil en quête de noisette dans L’Age de glace.

L’album se compose donc de plus de quatre-vingts strips. Les auteurs arrivent à maintenir tout au long de la lecture une qualité constante. Aucun gag n’est à jeter. Au contraire, on va de surprise en surprise pour le plus grand plaisir de nos muscles zygomatiques. Le talent de Larcenet et Ferri fait qu’ils arrivent en permanence à innover en s’appuyant sur des ingrédients toujours identiques. Cette maestria fait que Les métamorphes se lit et se relit sans lassitude et en procurant un vrai plaisir de lecture.

Concernant le dessin, c’est un vrai plaisir de retrouver le style historique de Manu Larcenet. Son trait dégage une vraie sympathie. Il s’avère en adéquation totale avec la bonhommie que dégage la lecture. Les planches sont faciles d’accès et confirme la dimension familiale et grand public de cet ouvrage.

Pour conclure, Les métamorphoses dégage un vrai plaisir de lecture. J’ai ressenti une joie sympathique de retrouvailles. La lecture est drôle et pleine de bons sentiments. J’ai passé un excellent moment et ai apprécié ce moment dépaysant à la campagne. J’espère que le prochain voyage arrivera rapidement…