(Oui, je suis ultra fière de ce titre-jeu de mot)
Et je suis sous le charme de cette bande dessinée.
Une grosse claque visuelle, scénaristique, psychologique, sociologique. Bref, encore du grand Hippolyte.
Pour résumer, c'est L'histoire, UNE histoire, LES histoires des migrants dans le monde. Des réfugiés de guerre, des exilés, d'une émigration subie. Du ressenti de ces êtres humains réduits à l'esclavage, chairs à canon, manipulés, affaiblis, utilisés, rejetés. Abandonnés.
Un frère et une sœur sont contraints de quitter leur pays natal sous le joug d'un pouvoir dangereux qui ravage les foyers, les terres et décime impunément la population. Dans leur fuite, ils traverseront de nombreuses épreuves, feront plusieurs rencontres, des bonnes comme des mauvaises. Surtout des mauvaises. Avec au creux du cœur l'espoir et la promesse d'une terre promise.
C'est le frère qui raconte, entouré des esprits de ses proches perdus, torturé par le souvenir, la culpabilité et la perte de repère.
Sans violence apparente, cette bd arrive à choquer, doucement, à vous tenir les entrailles, si vous êtes plus sensibles, à vous arracher une larme. "Les ombres" sous-entend aussi les cris, les appels à l'aide, le réconfort qu'on supplie. Mais tout en silence, on comprend qu'il y a moins à en dire qu'à agir.