La genèse d'un super vilain est toujours plaisante à suivre, même si les meilleurs n'ont pas forcément une histoire super profonde (notamment Le Joker...) ni spécialement intéressante.
Ici, nous suivons les premiers pas de Warren White, un escroc de la finance (c'est à la mode), au sein de l'asile d'Arkham. Suite à un procès "gagné" en se faisant passer pour "irresponsable de ses actes", il est enfermé dans l'asile. La première nuit est difficile, et la suite ne va pas s'arranger, au point de le métamorphoser en "Grand Requin Blanc".
Voilà, un postulat de base alléchant.
Mais les scénaristes ne croient visiblement pas à ce qu'ils voulaient faire et/ou n'avaient pas l'inspiration pour s'y tenir. Du coup, ils vous rajoutent une grosse louche d'histoire de culte diabolique au milieu des cinglés, remplissant de l'espace pour cacher leur manque d'imagination sur l'évolution psychologique d'un prisonnier pris au piège d'un environnement déglingué à tous les niveaux.
Autant en effet l'ambiance est franchement réussie (faut dire qu'il y a de quoi faire entre le Joker, Nygma, Le Chapelier, Crie D'Agonie, Tête "J'ai tout cassé" D'Oeuf, Dent, Epouvantail...), autant l'évolution du personnage, parasitée par deux sous-intrigues d'une nullité absolue, est mal foutue. La progression est trop heurtée, nous ne "sentons" pas la progression, ce n'est pas quelque chose qui nous échappe, mais quelque qui nous ait imposé par les lourdeurs des sous-intrigues.
Dont l'une est tenue par le Graffeur, un sous-méchant inutile, ancien peintre qui tue des femmes houlala.
Et par les dialogues pénibles - les dernières cases sont justes nulles et la résolution d'une facilité déconcertante...Voir Nygma lui faire presque des courbettes, ça me navre au plus au point, pour la genèse d'un méchant même pas impressionnant...
Au final, une grosse déception. L'intrigue part dans une direction qui me semblait peu pertinente au vu du point de départ, les auteurs n'ayant pu construire une évolution psychologique et physique montante, imprégnant le lecteur de cette ambiance malsaine qu'ils sont pourtant arrivés à développer.
Reste que ça se lit sans trop de mal. Les graphismes sont corrects et créent bien l'ambiance. Mais les fils rouges sont trop mauvais pour vraiment mettre cette BD au-dessus du panier de la production dessinée.