Cette série est un excellente série de cyberpunk, ou post-cyperpunk au choix. A mon avis une des meilleures œuvres du genre, tout support confondu, et également une des meilleures BD franco-belge du moment, depuis un long moment.


Dans l’ensemble cette BD présente un univers futuriste assez crédible, tant au niveau de la technologie que de l’évolution politico-sociale du monde. On y présente des thèmes classiques du cyberpunk, traités solidement, avec moins d’originalité sans doute dans les premiers albums mais le monde s’est enrichit au cours des 18 albums et on a maintenant un univers riche et très peu manichéen, ce qui fait toujours plaisir. La connaissance du scénariste de l’histoire aide aussi beaucoup à présenter des problèmes du futur mais qui trouvent leur origine dans l’histoire récente ou actuelle.


Mon tome préféré reste le tome numéro 7, l’appel de Baïkonour où l’héroïne, Carmen mc Callum, va affronter un ‘savant fou’ au fin fond de la Sibérie. Ce tome 18 reviens beaucoup sur cette histoire puisque Carmen mc Callum retourne en Sibérie pour affronter un clone de ce savant fou … Et un certain nombre d’éléments vont se retrouver en commun entre les deux récits.


Malheureusement, malgré le parallèle, j’ai trouvé ce tome nettement moins bon, ou en tout cas, moins excitant. J’ai sans doute raté pas mal dans l’exploration de la thématique du père, et dans la géopolitique développée ici, il faudrait au moins que je relise le tome d’avant pour bien me remettre dans le contexte, mais ce qui est surtout décevant c’est qu’on a ici une Carmen mc Callum qui abandonne au point de se laisser vaincre et tuer. Qu’elle en ait marre de son ‘travail’ de mercenaire tueuse et qu’elle ait, peut être, l’impression que ses combats n’ont aucun sens ne parait pas choquant et va bien dans le sens du récit. Revenir au même endroit affronter encore et toujours le même ennemi, ou presque, pour des multinationales sans âmes qui en profiteront de toute façon pour faire du monde un pire endroit peut être lassant. Mais ça ne justifie pas d’abandonner comme ça, à ce moment là. Bref, ça sent plus le ressort scénaristique qu’autre chose.


Pourquoi se moquer visiblement des scénarios ridicules de James Bond (à raison pour les derniers films) pour avoir son héroïne faire exactement la même chose pour pas plus de raison ? (C’est à dire, absolument aucune)


Fred Duval, qui scénarise aussi Travis, semble avoir tendance à flinguer ses personnages quand il ne sait plus quoi en faire. Ça peut gâcher horriblement une série quand c’est employé totalement à l’encontre de ce que la série nous a vendu jusque là, comme dans le deuxième cycle de Travis dont je préfère prétendre qu’il n’existe pas, ou ça reste simplement gratuit. C’est le cas ici. Le météorologiste que Carmen recherche est accompagné initialement de deux personnes. Utiles pour lui permettre d’avoir des conversations et expliquer ce qu’il fait quand il tente de s’en sortir seul, mais j’imagine que ces personnages secondaires deviennent lourds à traîner quand il faut présenter l’évasion de ce météorologue. Du coup ils se font tuer, comme ça, juste pour monter que le méchant est vraiment méchant, qu’on tremble un peu pour les héros, pour Carmen qu’il a promis de tuer. Sauf que ça tombe complètement à plat lorsque derrière le même ‘méchant’ épargne d’autres ennemis et les traite même avec bienveillance ?!


Non, je n’aime pas les personnages incohérents.


Bref, une petite faiblesse scénaristique pour ce tome 18 qui sera donc pour moi, à ce niveau, un des plus faibles de la série. Le commentaire final qui nous raconte le destin du ‘méchant’ est un point faible additionnel. Je ne me souviens pas qu’il y ait déjà eu un commentaire du genre dans un précédent tome (mais je peux me tromper) et je ne vois pas l’intérêt d’établir un canon définitif pour ce genre de chose. L’auteur chercherait-il un bon prétexte pour ne pas revenir et traiter une troisième fois la même histoire ? Si oui, pourquoi simplement ne pas le faire ? Gros point positif quand même pour la construction du monde et tout ce qui est sous entendu par simple mention ou apparence purement visuelle mais laisse entrapercevoir la richesse et la complexité de l’univers.

Mattchaos
5
Écrit par

Créée

le 23 oct. 2021

Critique lue 77 fois

Mattchaos

Écrit par

Critique lue 77 fois

Du même critique

Usagi Yojimbo, tome 1
Mattchaos
9

Critique de Usagi Yojimbo, tome 1 par Mattchaos

La première fois que j’ai lu Usagi Yojimbo, au milieu des années 2000, j’ai cru qu’il s’agissait d’un manga : noir et blanc, petit format, et le sujet était un samouraï errant, ou rônin, qui se...

le 4 mai 2021

1 j'aime

Robur-le-Conquérant
Mattchaos
7

Critique de Robur-le-Conquérant par Mattchaos

Cela fait un bon moment que je voulais lire ce livre de 1886, en lequel je plaçais beaucoup d’espoirs. Robur-le-conquérant est à la navigation aérienne ce que le capitaine Nemo est à la navigation...

le 4 mai 2021

1 j'aime

Histoires grotesques et sérieuses
Mattchaos
6

Pas le meilleur de Poe

Histoires grotesques et sérieuses est un recueil de différents textes d’Edgar Allan Poe, écrits entre 1842 et 1846 qui ont été traduits et réunis par Charles Baudelaire en un livre paru en 1864. Bien...

le 22 avr. 2021

1 j'aime