Une école de magie, un démon invoqué par erreur, des Cochons zombifiés et … des ados qui méritent des claques.
Alors que certains Donjon Monsters ont été spécialement conçus pour mettre en avant un personnage totalement nouveau dans la série (DM9, DM10, DM14) ou que d’autres, au contraire, sont centrés sur des personnages principaux de la saga afin d’expliquer plus en détails certains événements de la série liés à l’intrigue principale (DM3, DM4, DM7, DM13), Les Poupoutpapilloneurs renoue avec l’ambition de départ de la série Donjon Monsters, à savoir « raconter une grande aventure d’un personnage secondaire du Donjon », puisqu’il est centré sur Pirzuine, personnage secondaire récurrent des sous-séries Donjon Zénith et Donjon Crépuscule.
Nous retrouvons donc Pirzuine dans ses jeunes années où, adolescente, elle suit des cours de magie auprès d’un professeur à Cochonville, en compagnie de jeunes de son âge. Mais, comme toujours dans Donjon, tout va très vite déraper quand elle va se retrouver un peu contre son gré à suivre deux de ses camarades qui ont eu l’idée lumineuse de transgresser absolument toutes les règles que leur ont fixées leur professeur de magie et leurs parents (aaah ces ados !), avec pour conséquence l’invocation malheureuse d’un démon, ce qui pourrait bien mettre en péril la petite communauté des magiciens de Cochonville … L’album est drôle (ambiance Donjon Zénith oblige), l’action entrainante, pleine de rebondissements amusants et de personnages bien loufoques, avec un nombre incalculable de petits détails et petites références à plein d’autres albums de la série via les personnages croisés ou les sorts employés, tout en faisant référence à certaines œuvres-cultes de la culture populaire comme Harry Potter ou Dragon Ball, sans parler des allusions à l’univers Marvel (Captain América et Hulk notamment).
Sfar et Trondheim dévoilent en outre un certain nombre d’informations venant étoffer le monde de Donjon qui feront le bonheur des fans : découverte de deux nouveaux lieux (le village originel de Cochonville et la caverne à mana située dans l’enceinte de la cité des magiciens), révélation de la source de pouvoir des magiciens, apprentissage de nouveaux sorts, origine du fameux sort « Poupout Papillon », compléments d’informations sur les démons, introduction du personnage de Blaise Pilozzi, réapparition d'Eric de la Hure, le fils de Horous (cf. Mon fils le tueur, DM7), explication des événements qui ont conduit les magiciens de Cochonville à se faire définitivement accepter des Cochons … L’univers de Donjon s’enrichit encore et toujours.
Est-ce parce qu’il est argentin comme lui que le dessin de Juanungo évoque un peu celui de Carlos Nine ? Toujours est-il que le graphisme de Juanungo demande un certain temps d’adaptation : personnages déformés, couleurs délavées, décors ramollis, trognes simplistes … Une fois assimilé ce trait plutôt étrange aux accents surréalistes (genre « Dysnée underground »), on ne peut au final que saluer l’originalité du dessin de Juanungo, qui , avec son trait très « flasque », s’accapare avec réussite l’esprit graphique Donjon sans perdre pour autant son identité. Personnellement, au-delà de l’esthétique générale qui me convient tout à fait, j’aime quand le dessinateur parvient à imposer sa patte sur la série et à donner sa propre vision du monde de Donjon, ce que Juanungo parvient à faire ici remarquablement.
Dessin typé et original tout en étant pleinement dans « l’esprit Donjon », scénario truffé de références à plein d’autres albums tout en proposant une histoire qui se suffit amplement à elle-même, intrigue bien centrée sur un personnage secondaire du Donjon, action et humour crétin bien équilibrés : Les Poupoutpapilloneurs est une vraie bonne surprise et un excellent album, l’archétype même de ce que doit être un Donjon Monsters.