Parue à la fin des années 1980 aux États-Unis, la bande dessinée Les rois vagabonds prend place dans l'Amérique des années 1930. Elle nous plonge dans la détresse économique et sociale de cette époque, à travers les destins contrariés de Freddie et de Sam. Freddie a quitté son foyer familial au bord de l'effondrement pour retrouver son père alcoolique. Sam, autoproclarné le roi d'Espagne, est un hobo, un vagabond à la santé fragile. Il va faire découvrir à Freddie cette vie d'errances.
Les rois vagabonds est une bande-dessinée assez dure, qui fait revivre cette période sombre de la Grande Dépression, avec la crise économique qui s'est abattue sur les hommes, les revendications de ceux qui ont tout perdu et la folie ordinaire, celle des hommes qui ne valent parfois pas mieux que des bêtes. Le peu d'espoir ou les quelques bribes de solidarité qui apparaissent sont fragiles, et parfois volent en éclats.
C'est une BD assez dense, dont on sent bien que le scénariste vient du théâtre. Ses personnages ont de l'épaisseur, de la consistance, ils sont humains. Mais cela va aussi avec beaucoup de texte, que ce soit dans les dialogues ou dans le récitatif. Le trait de Dan Burr est précis et minutieux, d'une rigueur assez froide qui se marie très bien avec le texte.
La lecture n’est pas vraiment légère, l'ambiance qui s'en dégage est parfois difficile à supporter. Mais elle est aussi fascinante, tout est déployé pour nous plonger dans cette période troublée. On assiste, impuissants, aux efforts des personnages pour vivre, parfois juste survivre, et, une fois le livre refermé, on souffle un peu et on se rassure sur l’époque que nous vivons.