Un schtroumpf de l'ordre qui fait désordre ...

Un nouveau schtroumpf, le trentième volume, et si loin de ce qu'était les schtroumpfs d'autre-fois. Pourtant même si la dernière dizaine d'albums s'élançait dans des scénarios certes différents, mais tous semblables de par ses messages incorporés dans chacun des nouveaux systèmes qu'expérimentaient les petits êtres bleus, chaque histoire parvenaient encore à conserver un certain intérêt ... nous avions donc la critique des OGM dans Salade de Schtroumpf, du racisme dans la Menace Schtroumpf, l'incorporation des vacances des Schtroumpf les bains, ou la tentative d'insérer de l'argent dans l'excellent Schtroumpf financier ... mais le point commun de ces albums, pour la majorité, étaient qu'à de nombreuses reprises, nos petits héros qui repompaient un système humain, se rendaient finalement compte, encouragés par le grand schtroumpf, que ce qui est bon pour les humains n'est souvent pas bon pour eux.

Dans les Schtroumpfs de l'ordre, nous avons là une certaine forme de critique de notre société gouvernée par des lois. Chose intéressante étant donné qu'à la sauce Schtroumpf, l'implantation de certaines lois revient à ôter aux schtroumpfs leur rapport même à la nature, le fait qu'ils puissent en profiter en toute liberté, notamment le fait de ne pas marcher sur une pelouse. Nous avons donc là nos petits policiers, notre petit schtroumpf Anonymous (avec le masque trés subtil qui va avec) ... qui d'ailleurs offre l'intérêt scénaristique d'enfin obtenir le regard de ces fameux schtroumpfs anonymes que nous croisons depuis les premiers volumes. Il le fait bien remarquer, nombres d'entre eux sont connus, mais pour d'autres, c'est l'anonymat, alors qu'il est toujours là, à chaque aventure, toujours dans un coin. Un clin d'oeil sympathique à ces fameux schtroumpf dont on ne sait rien tant nous sommes habitués de revoir toujours le même groupe.

Cependant, à trop vouloir critiquer notre système, si l'on délaisse la subtilité, c'est l'univers même des schtroumpfs qui s'en va à l'eau. Un système, clairement inspiré des humains (vu qu'il en copie notre système même), est instauré dans le village, et cela, introduit par le grand schtroumpf même, qui, à de nombreuses reprises, ne semble pas voir l'exagération de ces lois et les limites qui en ressortent. Le schtroumpf costaud se laisse faire, dirigé par le schtroumpf à lunettes, oubliant sa conscience schtroumpf dans cet album et se réduisant à appeler le schtroumpf à lunettes "chef", ce qui, en temps normal, s'oppose immédiatement à sa fierté de schtroumpf le plus fort du village. Nombre de schtroumpf obéissent, ou tentent d'amadouer les schtroumpfs de l'ordre, mais même si un petit vent de frustration souffle dans le village, ce n'est qu'un petit schtroumpf qui ose s'opposer à ce système s'en allant le plus à l'encontre de leurs idéaux schtroumpfs ... là où nous avions l'habitude de voir tout le village dégénérer, jusqu'à l'implosion, ce n'est là qu'une petite rebellion qui se met en place, sous laquelle les schtroumpfs tout entier s'opposent, tournant au ridicule celui qui, peut-être, serait le plus clairvoyant du village.

Dommage, un album avec des idées, mais à trop vouloir s'éloigner de l'univers des schtroumpfs, à oublier leurs idéaux et leur manière de vivre, même s'il y avait là tentative d'analyser de l'intérieur un aspect de leur quotidien, c'est la mythologie même qui s'effondre. Espèrons un revirement de situation pour l'album 31.