Il y a toujours un moment où il faut arrêter une série (télévisuelle, de films, de livres, de BDs...) à laquelle on a été longtemps fidèle, souvent parce que ses débuts avaient été réellement convaincants, ou au moins prometteurs. Il faut arrêter parce que la série elle-même n'a pas su s'arrêter quand elle aurait dû. Parce que les enjeux financiers étaient trop séduisants, ou aussi parce que les auteurs ne savaient pas quoi faire d'autre.


"Les Voiles écarlates" sera donc - normalement - mon dernier "Largo Winch". Pas qu'il soit fatalement pire que la petite dizaine de tomes qui l'ont précédé, parce que, et je ne vous surprendrai pas en écrivant ça, il est exactement semblable aux 21 précédents : même structure, mêmes mécanismes, mêmes messages. Mais un peu parce que je n'ai absolument rien compris à l'accumulation de twists qui auraient nécessité que je relise le tome précédent pour avoir une petite notion de qui était qui, qui faisait quoi et pourquoi : et honnêtement, la simple idée de relire un "Largo Winch" me remplissait d'une fatigue infinie.


Et, comme la finance et les riches sont désormais un objet de haine générale, le nouveau scénariste, Giacometti se sent obligé de faire de son héros un veritable gauchiste au sein de son monde doré, et aussi, ce qui est quand même ironique et gênant, d'inventer des mécanismes financiers qui n'existent pas pour alimenter sa "contestation" d'un système qui ne manque pourtant pas d'abjection bien réelle : personnellement je trouve ça intellectuellement malhonnête. Et sacrément embarrassant.


Sinon, "les Voiles Ecarlates" confirme que les Russes sont bien redevenus nos ennemis (en attendant le retour probable des Chinois au tome 23, coronavirus exige...), que les nanas là-bas sont toutes canons mais se ressemblent toutes, etc. En fait tout un tas d'informations aussi dérisoires que fondamentalement mensongères typiques de la série.


Bref, tout cela a bien trop duré. Le reste sera sans moi, et ma désaffection n'aura bien entendu - et c'est heureux - aucun impact sur le succès colossal de la BD.


[Critique écrite en 2020]

EricDebarnot
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le 23 févr. 2020

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Eric BBYoda

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