Tout le monde le sait, André Franquin a bon cœur.
Il est comme ça notre André national, il se tracasse pour des tas de trucs.
Il est pas bourré de certitudes, c'est le moins qu'on puisse dire, et donc il se pose des questions sur la fin du dernier album de Spirou.
Et les questions, ben, ça se rajoute aux tracas.
Spirou et les héritiers se clôturait sur le marsupilami en cage dans un zoo; et à bien y réfléchir, il aime pas trop ça André!
Il se dit quand même que les bêtes devraient pas être enfermées dans des cages que ce soit au zoo ou dans des cirques; et forcément, il se dit qu'il a peut-être fait une bêtise de mettre le marsupilami dans un zoo, et que Spirou et Fantasio laissent faire ça.
Alors zou, qu'à cela ne tienne, Franquin se dit que lui et ses personnages vont se rattraper en libérant le noble animal, et quitte à se racheter, autant aller jusqu'au bout et critiquer l'exploitation des animaux pour le plaisir des êtres humains.
La conscience écologique en bandoulière, André prend son crayon, bien décidé à dresser un portrait peu reluisant de ces institutions et avec bon nombre d'années d'avance de questionner les relations hommes-animaux.
Bon, après c'est pas une thèse, et Franquin rend tout ça rigolo.
Parce que ça lui permet comme à nous de moins déprimer quand c'est rigolo, et puis surtout que ce serait un comble de chasser sa nature en abordant un thème pareil.
Franquin, sa nature, c'est de faire rire, alors il y va de bon cœur, et forcement il nous fait rire. Et quand on rit avec quelqu'un on comprend mieux ce qu'il veut faire passer.
Franquin, même s'il a pas des tonnes de certitudes, ça, il le sait.
Le gamin que j'étais a du absorber l'encre des pages et le message sous-jacent comme du papier buvard, parce que je me rappelle que par la suite, j'ai toujours eu du mal avec les cages et tout ce qui enferme, que ce soit les animaux ou les hommes.
Merci encore une fois André. T'es un chef mon vieux!
Donc voilà, Les Voleurs du marsupilami c'est un album rigolo et qui dit des trucs.
Et c'est tout Franquin ça!