J'ai mis des années, des années et des années à me frotter à Bob Morane. Puis je me suis laissé convaincre par la période de William Vance, dont le trait m'a toujours fasciné. En guise d'introduction, j'ai choisi de façon arbitraire ces Yeux du brouillard dont la couverture et les quelques planches aperçues m'encourageaient. Après avoir sauté le pas, je me suis dit que j'avais eu raison.
Totalement dans la mouvance des titres de cette époque, voilà une BD qui marche un peu dans les pas La Marque jaune avec, en prime, l'esprit de l'aventurier baroudeur prêt à relever tous les défis. Si le scénario ne va pas au bout de toutes ses idées (le final, notamment, expédié et qui évite soigneusement d'expliquer l'inexplicable), voilà un épisode à l'atmosphère entièrement réussie dans un Londres nocturne et une petite île écossaise qui renferme d'étranges secrets. Moins martial que Bruno Brazil, plus adulte que Lefranc, moins prestigieux que Blake et Mortimer, l'épisode multiplie les péripéties qui, si elles sont cousues parfois de fil blanc, fonctionnent parfaitement.
N'en demandons pas plus à ce titre éminemment sympathique, très enlevé et intriguant qui vante les mérites de l'aventurier aux gros bras et de son fidèle acolyte. Si l'histoire ne peut pas rivaliser avec les titres iconiques de la BD, elle s'inscrit dans les très bonnes intrigues signées Henri Vernes entre aventures, espionnage et fantastique. En somme, du divertissement de qualité.