Après le premier tome et le second vient logiquement le troisième. Bouclant la première période de la série, et avant de nous emmener du côté de Levius Est dans quelques temps, Haruhisa Nakata et les éditions Kana nous offrent un duel de toute beauté entre Levius et A. J. Rangdon. Pas besoin de mots pour en parler, il suffit de regarder. Et d’apprécier la puissance des coups échangés, la vitesse et leur impact.
Pour autant, autour de ce combat il y a de l’agitation : « compétition » entre Clown Puting qui n’en peut plus d’attendre d’avoir Levius entre les mains et Bill, le mécano de génie qui est sur plusieurs dossiers à la fois ; affaire de gros sous ; bruits de bottes autour de l’arène ; arrivée annoncée du n°6 du niveau I… il y a là des éléments qui confirment ce que le précédent volume laisser paraître : il n’est pas seulement question de savoir qui va monter au niveau I.
D’autres éléments viennent émailler le tome et tenir un peu plus le lecteur en haleine. Le premier, qui traverse la série depuis le début mais qui m’a semblé prendre plus d’importance vu que nous sommes en plein combat, est l’importance accordé au regard. Bon nombre de plans ciblent un œil ou deux, avec une régularité assez remarquable tout au long des pages. Leur présence sert à la fois à ordonner les planches qui suivent mais aussi à suggérer quel est l’état d’esprit des personnages. Les yeux sont le miroir de l’âme…
J’ai aussi été interpellé par trois autres points. D’abord le fait qu’échanger des coups, des regards, c’est aussi échanger des pensées, se comprendre (pensée pour quelques autres séries éditées chez Kana…). En somme au-delà du duel entre « brutes » l’affrontement apparaît comme une forme de langage. Ensuite se dessinent des interrogations touchant à la vérité et à la justice. Celle de Levius, celle d’Amethyst, celle de la boxe mécanique (les derniers mots du volume sont à cet égard assez édifiants) et au-delà… Autant de visions différentes qui s’entrechoquent et se dévoilent un peu plus encore au fil des tomes. Enfin, il y a une petite touche « fantastique ». Déjà présente avec Clown qui pourrait voir un tout petit peu de l'avenir (tome 2), cette dimension se renforce avec les propos entourant le « guerrier divin » du niveau I.
A nouveau tome, nouvelles révélations ! Ici, elles touchent plus particulièrement à A.J. et, à un degré moindre, Bill, l’oncle de Levius ainsi que la manière de combattre de ce dernier. Je vous laisse le soin de les découvrir et me contenterait d’évoquer un seul point. Lorsque Clown Puting évoque la manière dont il a torturé une certaine personne proche de A.J. Ne lisez pas ce passage et les quelques planches associées en mangeant car, là, Haruhisa Nakata nous donne une idée de jusqu’où l’horreur peut aller. N’essayez pas cela chez vous !
Cette horreur et la violence des coups sont toutefois atténuées par un élément : les possibilités de la médecine. Certaines réalisations très poussées sont possibles – merci Bill – ce qui permet d’atténuer, au moins en partie les dégâts infligés au corps des combattants. On ne s’en plaindra pas même si – pour celles et ceux qui peuvent en bénéficier – cela réduit le degré de dangerosité auquel se frottent les combattants. L’univers de la boxe mécanique ne devient toutefois pas un club Med bis pour autant.
La fin de ce troisième volume n’est qu’un commencement, le début d’une nouvelle ère avec le niveau I qui se dessine et bon nombre d’autres péripéties. Le niveau ultime apparaît assez effrayant quand on voit ce que Christopher Ted Elfinston arrive à faire. Pour autant, dès le début du tome, Clown nous dit qu’avec un bras militaire, Levius pourrait faire face à un combattant du niveau I. Il ne reste plus qu’à voir la surprise du chef Bill… Le meilleur de Levius est devant nous et ce n’est pas une déclaration banale tant le manga de Haruhisa Nakata, à l’instar de son héros, s’est bien comporté jusque-là.