Liar Game est un thriller avec une idée de base plus qu'intéressante : un jeu dont le principe est de récupérer l'argent des autres en les arnaquant et en usant de malice et de psychologie. Vous l'aurez compris, le manga joue beaucoup sur le coté psychologique et manipulation. L'intellect sera au cœur du scénario.
C'est en cela que l'on peut le comparer à Death Note. Il y aura donc des « affrontements intellectuels », des faux-semblants, de la pression psychologique, et de l'élaboration de stratégie avec plusieurs coups d'avance.
Parmi les comparaisons que l'on peut faire, la plus évident reste, du moins pour moi, Duds Hunt. Car comme dans le one shot de Tetsuya Tsutsui, il est question d'un jeu, organisé par une entité inconnue, dont le principe consiste à récupérer l'argent des autres participants par tous les moyens. A la différence qu'ici, Shinobu Kaitani n'use pas de la violence mais bien d'escroqueries.
Malheureusement, une bonne idée de base ne signifie pas forcément que c'est un manga de qualité. Mais Liar Game s'en sort plutôt pas mal.
En effet, ce type de thriller joue beaucoup sur son scénario. Et le moins que l'on puisse dire c'est que dans Liar Game, il est travaillé et efficace. Il joue beaucoup sur la psychologie humaine et sur des raisonnements logiques. A la façon d'un mentaliste ou d'un profiler, le héros Akiyama va jouer avec la psychologie, les attitudes et le cheminement logique. De ce point de vue là, c'est une réussite puisque les réactions, notamment de l'ex-professeur de Nao sont crédibles, et l'ex-escroc s'est bien s'en servir et jouer avec.
Le scénario est maîtrisé puisque, rien ne semble être laissé au hasard. Toutes les actions de Akiyama servent sa « stratégie ».
En revanche, la fin de la première manche est assez prévisible, mais bien amenée. Ce coté prévisible n'est pas un défaut en soi, puisque compte tenu du niveau d'informations du lecteur, trouver le subterfuge montre que c'est cohérent et réaliste.
Pour l'instant, l'auteur n'est pas tombé dans le « J'avais tout prévu depuis le début. J'avais prévu que tu prévoirai ce que je prévoyais », où le héros anticipe tous les scénarios possibles sur les deux prochaines décennies. Or, ça on le voit souvent dans pas mal de mangas.
Graphiquement, c'est assez simple, épuré, avec beaucoup de « focus » et zoom sur les visages des protagonistes. Le découpage et la mise en scène sont efficaces. Les personnages bénéficient d'un traitement facial particulier. Le mangaka, Shinobu Kaitani, représente bien les émotions sur les visages, allant parfois un peu à l'excès.
Par contre certaines cases font vides. Le charadesign et en particulier les visages des protagonistes sont assez inégaux. Autant Akiyama a un bon « style » qui fait penser à Light ou L de Death Note, autant Nao est fade, et d'autres personnages plus secondaires très moyens. Pourtant, le graphisme, même s'il n'atteint pas celui d'Obata, par exemple, (pour rester dans le comparatif avec Death Note) reste agréable et va bien au style.
Pour moi, le gros point faible du titre est le développement des personnages. Je n'ai aucune empathie pour les deux protagonistes. Nao, est un personnage horripilant, cruche et tête à claque. Elle n'est pas réaliste une seconde. Son coté cruche, faisait un bon point de départ, si c'était traité de façon pondérée. Là c'est juste abusé. C'est même plus de la naïveté, c'est de la stupidité pure et simple. C'est vraiment la reine des cruches devant des Saori (Saint Seiya), Orihime (Bleach) ou Lucy (Fairy Tail) et autres Sakura (Naruto).
Pour Akiyama, il est certes mystérieux, mais on a du mal à croire à son implication. On ne sait rien de lui, de ses motivations. J'imagine qu'on saura ça ensuite, mais avec ce premier tome, on a du mal à rentrer dans son combat intellectuel.
En plus, lors de la 2ème phase, sa présence est illogique.
Mais cette 2ème phase s'annonce vraiment palpitante, avec un principe de jeu très intéressant.
Pour conclure, Liar Game part d'un bon synopsis, et s'en sort pas trop mal. Même si on peut critiquer le graphisme, pour sa simplicité, son charadesign, même si on a du mal à s'attacher aux deux personnages principaux, le potentiel est bel et bien là. Ce jeu s'avère palpitant mêlant combat psychologique et roublardise. Le scénario est maîtrisé et ne part pas (du moins encore) dans le too much.
La suite pourrait bien nous réserver quelques bonnes surprise.
Même si pour l'instant Liar Game a du mal à tenir la comparaison avec des Duds Hunt ou des Death Note voir du Doubt, il n'a pas à rougir pour autant. Le potentiel est évident, et il y a matière à venir à côtoyer les références du genre. A voir avec le volume 2.