Spawn est mort, vive Spawn !
----- Critique avec peu de Spoiler -----
Bienheureux est l'homme qui tient le premier tome de Spawn – la saga infernale entre ces mains. Mais béni des dieux est celui qui a lu les 200 numéros précédents. Car oui, par un étrange paradoxe Delcourt comics édite Spawn à partir du #201 dans « La saga infernale » alors que la réédition classique continue de faire son petit bonhomme de chemin et est actuellement au tome 10 avec la réédition des 113 premiers numéros de Spawn. Cette édition de faire la saga infernale permet à Delcourt de maximiser ses profils, en effet, le magasine bimensuel « les chroniques de Spawn » étant en chute libre (j'ai moi-même cessé de l'acheter à partir du N°25) pour continuer à éditer la suite des aventures du rejeton de l'Enfer Delcourt a décidé de raconter l'histoire en version cartonné comme peuvent le faire ses comparse de Urban Comics … Ne le nions pas, les tomes de comics sont en pleine effervescences et se vendent comme des petits pains.
Malheureusement, pour le fan c'est dur de s'y retrouver, en effet « Spawn – la saga infernale » commence au #201 de Spawn, ce qui vaut pour le numéros 36 des chroniques de Spawn … Or comme je l'ai dit nous sommes actuellement au 113 avec la réédition des tomes de Spawn … Il y a donc virtuellement, en terme de tomes pur et dur, un gros espace à manquer …
Cependant, il n'est pas nécessaire, à mon sens, de résumer ici la malédiction de Spawn, pas plus que les 113 premiers numéros, je considère même que tout un chacun connaît l'histoire jusqu'au #164, c'est à dire la fin de l'arc apocalypse. Traitez moi de fainéant si vous voulez, mais je vais même ne rien raconter de l'arc Morana et aller directement jusqu'au #185, où Al Simmons, le Spawn historique trouve une seule solution pour mettre fin à la malédiction qui pèse sur lui : se suicider en se faisant sauter la tête. Voilà comment débute la saga Endgame. Nous avons donc 15 numéros à rejoindre pour arriver jusqu'au début de ce premier tome de Spawn – La saga infernale. Je vais essayer de faire vite afin de ne pas vous ennuyer d'avantage. Sachant que pour ma part je n'ai pu que glaner des infos du net en anglais et acheter le #200 (pourtant très important pour comprendre).
Al Simmons est certes mort, mais la malédiction du Hellspawn n'est pas finis pour autant. Jim Downing en est en effet la nouvelle victime, mais c'est complexe. Car notre ami Jim est amnésique et nul ne sait qui il est, la raison ? Très simple, il sort du coma, au moment même où Al se fait sauter la tête, Jim se réveille en criant « mon fils ! » . Ca fait tellement longtemps qu'il est dans le coma que tous les employés de l’hôpital l'ont toujours vu ici, son dossier informatique a disparu, et son dossier papier brûle dans un incendie. Incendie qui a lieu quand un exterminateur vient le voir pour l'exécuter, mais Jim devient alors possédé par une symbiote noir (un petit coté spiderman, mais qui n'a jamais vu un lien entre spawn et venom?!). Apparemment des gens très importants surveille Jim, le patient 47 depuis des années, débousolés mais de plus en plus fort malgré le fait qu'il soit censé être un légume, Jim va aller habiter chez Sara, une infirmière généreuse qui s'est occupé de lui depuis pas mal d'année déjà. Il va également sympathiser avec Marc, un journaliste, et sa petite amie Susan. Marc qui va également tirer profil de cette situation, puisque le bon monsieur Downing semble être capable de soigner les gens, en effet, à son contacte plusieurs personnes de l’hôpital on vu leurs maladies disparaitrent.
Et du coté des Enfers et des Cieux, on ne dit rien ? Un ange renégat est bien décidé à s'occuper du nouvel hellspawn en free-lance, mais le rejeton de l'Enfer n'en fait qu'une bouchée. Quant à l'Enfer, le Violator est le premier à découvrir le suicide d'Al Simmons, ignorant dans un premier temps l'existence d'un nouveau Spawn, il décide de maintenir cette mort secrète afin de pouvoir profiter de l'espace vide laisser par Spawn et Mammon pour reprendre une place de choix dans l'Enfer, il se trouve plusieurs alliés, des démons, des vampires et est prêt à préparer un long règne en Enfer. Le personnage se transformant totalement, passant d'un clown grossier à un véritable génie du mal, méthodique et comprenant mieux ce système qu'on aurait put penser. Puis il découvre notre ami Jim, loin de s'en énerver, il va vouloir le manipuler sans avoir à lui révéler sa vrai apparence, ce nouveau Spawn étant spécial, il est né d'un être humain vivant ! Sans pacte, une première ! Et pour Violator comme Blutt (le seigneur des vampires), c'est clair, Jim Downing a un énorme potentiel qui pourra faire pencher la balance dans leur camp.
Et c'est pas fini, après une brève apparition de Wanda Black et d'Al Simmons dans les pensées de Downing c'est Sam & Twitch qu'on revoit. Les deux inspecteurs vont étudier les scènes de crimes de différents gangs tués par Jim, avec un goût de déjà vu. Dans le #199 Sam est gravement blessé, ses jours sont en danger.
De plus on apprend que le suicide d'Al Simmons a donné naissance à un Spawn supérieur à tous, difficile à dire si il s'agit de l'âme de Simmons, de son énergie, de son costume, mais un nouveau Spawn est né : l'Oméga Spawn, un monstre qui a ravagé l'Enfer. Une créature d'une puissance égale au terrible Malebolgia.
Or justement, Malebolgia n'est peut être pas si mort que ça, tué par Al Simmons dans le numéros 100 de la saga, on découvre qu'il s'est réincarné dans le Streum, un fou que Simmons avait rencontré par le passé. Terriblement puissant mais incapable de faire un centième de ces anciennes capacités, il annonce son retour au clown et promet qu'il sera bientôt complet.
L'histoire du tome 1 de la Saga Infernale commence là, Jim se pose toujours plein de question et le clown voit son accession subir un gros obstacle avec le retour d'un terrible ennemi.
Bon vu que je pense avoir déjà souler la majorité des gens avec juste l'introduction, je vais essayer d'être rapide désormais. En terme technique, c'est juste BEAU ! A chaque nouvelle équipe qui travaille sur Spawn, je suis agréablement surpris de la beauté des pages, ma période préféré était jusque là Capullo-McFarlane, même si j'avais aimé la noirceur de l'arc Morana malgré parfois une page remplie de cases presque identiques. Or Kudranski au niveau du dessin est juste un gros tueur, gardons ce petit gars sous la main, c'est un vrai génie destiné à faire de grande chose. A croire qu'il était au courant que la série passait en tome relié en France tant les dessins se prêtent à ça. Croyez moi, dans l'hexagone, LE comics qui est en tête au niveau esthétique en ce moment, c'est Spawn – La saga infernale. Le découpement est pile comme il faut, certaines pages ont un nombre de case habituelles, d'autres sont centrés sur des gros événements, ça suit à merveille l'histoire. On oscille entre les ténèbres totales et les couleurs plus ou moins présentes, le dosage est vraiment réussie beaucoup plus que dans l'arc Morana, on sent qu'ils ont tiré les leçon de se passage. Chaque page est d'une beauté à couper le souffle et nous amène avec perfection dans le monde torturé de Jim Downing, en s'éloignant des codes de couleurs, de noirceurs des précédentes équipes, ce nouvel aspect visuel garde cependant une forme de ténèbre propre au nouveau Spawn. Nous ne voyons plus de solitude, nous voyons le pêché, nous ne voyons plus la misère, nous voyons les ombres, les ténèbres, le mal à l'état pur. Spawn respirait souvent la laideur de la vie avec la notion de déchet et d'êtres humains écartés de la sociétés, ce nouveau Spawn met plutôt l'homme et surtout Jim Downing au centre du mal et de l'enfer. Le niveau graphique accompagne à merveille les propos. Je pense que ça dois assez bien se sentir, mais c'est officielle, ça vient de dépasser Capullo dans mon cœur … Gloire à Kudranski !
Au niveau scénario, l'histoire va du #201 au #206, c'est à la fois peu et beaucoup tant l'histoire est développée, il ne s'agit pas du comics qu'on lit en 10 minutes tranquillement, au risque d'énerver les fans de DC (et pourtant je souhaiterai compléter ma collection sur Batman) on est à un autre level de complexité. On suit l'histoire de Jim Downing bien sur en fil conducteur, parsemé de différentes histoires, je vais éviter de trop spoiler promis, en même temps l'intérêt n'est pas le « quoi » mais le « comment ». Ces différentes histoires suivent la trace de Marc Rosen, le manager de Jim … Son ami peut être ? Comment le jeune homme veut gérer (manipuler) la célébrité de Jim afin de se faire de l'argent dessus. En même temps c'est passionnant, dès le début on sait qu'il veut en tirer profil, mais on ne sait pas à quel point, est il prêt à tout faire pour ça ? On a l'impression qu'il aime bien Jim, qu'il aime bien faire parti d'une grande chose. On est loin du stéréotype du gars intéressé et je pressent déjà qu'à un moment il sera peut être en prise avec un dilemme.
Nous voyons aussi périodiquement Twitch, toujours au chevet de Sam, qui se dit à un moment « peut être que Al peut nous aider à retrouver ce Downing qui sauve des gens ? » bien sur, on sait déjà que ça promet de grands moments vu que Sam & Twitch ignore le suicide de Al. On se rappelle d'ailleurs que ce dernier avait « marqué » les deux policiers comme étant ses « alliés » contre le crime et le mal qui ronge la ville, est ce que la « marque » (plus ou moins fictive) existerait encore malgré le changement de Hellspawn ? Bien que cette histoire soit peu essentielle dans le tome 1 (pour moi il ne s'agit pas d'un spoil justement) elle promet des péripéties futures particulièrement intéressantes.
Ensuite on a aussi Malebolgia, qui dit bien qu'il n'est pas le Streum (enfin on le comprend au détour d'une de ses rares répliques) mais qu'il est dans son corps, qui veut retrouver ses pouvoirs, apparemment prisonniers dans le corps de certaines personnes qui seraient au courant d'un secret. Comme avec l'arc Morana, on voit des indices se poser doucement. On attend avec impatience le retour du roi du 8ème cercle …
Quant au Violator, il gagne encore en charisme, s'allit à Blutt, le vampire, met en place des plans pour tester Downing, parle beaucoup enfaîte … Il gagne de plus en plus en charisme, en majesté, on sent que le temps du « gentil clown qui obeit à Malebolgia » est finis, il veut en finir avec son ancien maître, il veut régner sur l'Enfer. Il est prêt pour cela. Dans ce tome, Violator est le personnage N°2 en charisme, je dirait presque premier ex-aequo avec le nouveau Spawn, mais loin devant Blutt, Malebolgia et Twitch. Petite note amusante : il dit à des démons que ça doit bien faire 2 000 ans qu'il ne l'est a pas vu, or en vérifiant dans la mini-saga « Violator » notre méchant démon est né au 16ème siècle … Petite erreur technique qui fait un peu mal quand même ...
Et enfin, Jim Downing, notre nouveau spawn vous allez me dire ? Et bien en révéler sur lui serait dur sans spoiler … Il participe à une émission télé dès le début ce qui nous permet de voir son étrange rapport avec ça … Il désire avoir de l'argent, on voit qu'il aime ça, le pouvoir, l'argent, le succès … Mais pourtant il cherche aussi à fuir les journalistes, même si il montre un certain dédain qui pourrait nous donner des indices sur son passé … Des indices il en obtient d'ailleurs, étant obligé de s'allier avec les vampires de Blutt, comme Violator d'ailleurs. On a le droit a pas mal d'explication sur sa nature de Spawn, ou plutôt de rappelle, ce qui est plutôt cool pour ceux qui découvrent ou qui ont juste oublier du genre « comme les vampires ont besoin de sang, lui recherche les ténèbres pour reprendre des forces ». Clairement Downing semble avoir un potentiel largement supérieur à la moyenne des Spawn, et il le sait le bougre, du coup il est un peu prétentieux … Heureusement les démons qu'il rencontre ne sont pas des petits idiots démoniaques mais souvent des êtres ayant vécu plusieurs siècles/millénaires, bref, on a un sentiment de grandeur qu'on avait peut être pas dans le précédent Spawn. Amusant quand on voit qu'ils se battent pour le trône du 8ème cercle alors qu'Al avait finit par vaincre Dieu et le Diable.
Sinon l'évolution du scénario est vraiment cool, on avance tranquillement avec un flot continue d'explication et de nouvelles questions. Tous les personnages qui apparaissent sont bien travaillés et deviennent vite agréable à voir, une vrai recherche est faites, même pour ceux dont la durée de vie se limite à 2 pages. Jim Downing se montre plus connard que ce que l'on pouvait penser, il n'a rien d'un messie, il a sa vision brute de la vie et au final, il a surtout ce besoin de retourner vers les ténèbres, car il est ce qu'il est : un rejeton de l'Enfer. On aime les minces références, jamais gratuites, au précédent Spawn, notamment le retour au trône de Rat's City, comme si la condition de Hellspawn les menait à ça. Vraiment c'est agréable de lire un tome en se disant à la fois « ça a bien avancé, on peut réfléchir sur tout ce qui s'est passé » mais aussi « ha, j'ai hâte de lire la suite ».
De la patience il en faut pour attendre 6 mois entre chaque sortie de tome pour ce qui est définitivement LA surprise pour moi, je me fache de ne les lire que maintenant, mais vraiment nous assistons à du grand Spawn. Al Simmons est mort mais l'histoire reprend bien vite avec un dynamisme intacte, plus fort même … Quand je compart le remplacement de Bruce Wayne par Dick Grayson il y a de cela quelques temps dans l'univers Batman (avant New 52), je me dis que définitivement Image Comics a une longueur d'avance.
Malgré la nécessité évidente de connaitre Spawn avant d'attaquer ce tome, un néophyte de l'univers pourra quand même le lire et prendre son pieds ... Je met très rarement 10 à une oeuvre, mais là, ça le mérite, c'est une évidence.
Pour moi, la meilleure façon de comprendre cet univers est de regarder la page 16 : Spawn est là … Et c'est juste génial.