Si un jour on m'avait dit que je lirais un comic de Wonder Woman... Un grand merci à la série télé pour l'image kitch de cette petite poulette qui tourne sur elle même pour devenir une super-héroine. Comment peut-on encore avoir envie de s'intéresser à elle après ça ? Pourtant, c'est idiot bien sûr: peut-être que cette saga, sur le papier, a toujours été assez bonne, mais difficile de le savoir puisque, dans la francophonie, critiques et éditeurs ont toujours jeté un voile pudique sur la farouche amazone...

Le relaunch des new 52 de DC Comics prouve en cette occasion son utilité avec un premier numéro de Wonder Woman accessible aussi bien aux néophytes qu'aux vieux de la veille. Et ça marche ! Le premier compliment que j'ai envie de faire aux nouveaux auteurs de la belle, c'est d'avoir réussi à marier modernité et retour aux origines. Modernité parce que la super-héroine ne donne pas vraiment envie de s'esclaffer. Son univers est assez dramatique et juste ce qu'il faut de violent pour qu'on y croie, les personnages sont plutôt bien écrits et l'intrigue nous fait fugacement voyager à travers plusieurs endroits de la planète tout ce qu'il y a de plus réels et qui renforcent la crédibilité de l'oeuvre en la rattachant au monde actuel (le Darfour, par exemple, montré dans toute son horreur).

Retour aux origines parce que l'utilisation intelligente de la mythologie grecque offre à l'Amazone une identité propre qui la différencie vraiment, pour le coup, de ses confrères en slips (oups, pardon ! J'oubliais que tous les slips avaient été retirés...). Je n'avais d'ailleurs plus du tout l'impression de lire un comic de super-héros mais bien une retranscription moderne des légendes qui ont bercé mon enfance et qui me passionnent encore aujourd'hui. Les différents dieux et déesses ont ainsi un caractère qui respecte plutôt bien les mythes originels, tout en proposant un relooking souvent audacieux et très classieux (Hermès, Arès, Zeus,...). Seul Hadès est, à mon avis, complètement raté car ridicule (qu'est-ce que c'est que cette couronne ignoble ??).

L'intrigue, prenante, permet de bien découvrir l'univers de Diana (le nom civil de Wonder Woman au cas où vous seriez largués) et s'offre même le luxe de redéfinir les origines de celle-ci: le relaunch prend tout son sens dans ces conditions. Une belle réussite donc, qui se laisse dévorer sans temps morts, même si la fin de l'ouvrage m'est apparue moins réussie: les évènements qui s'y déroulent sont volontairement à moitié expliqués, pour des raisons de suspens, ce qui entache malheureusement la fluidité du récit avec des personnages qui tombent comme des cheveux dans la soupe. A noter aussi que certains dialogues sont inutilement ampoulés par des tournures de phrases qui font très artificielles ou qui semblent un peu à côté de la plaque, comme si les personnages ne se répondaient pas toujours correctement entre eux (est-ce un problème de traduction ? Possible...). Exemple:

- L'est plus grand que j'l'aurais cru (Poséidon).
- Avec le temps, tu découvriras que l’imagination n'est qu'un moyen d'obtenir des choses qu'on ne comprend pas. Elles n'y ont que rarement, sinon jamais, leur place...

Ok, Hermès, tu te calmes. Le gars, il dit seulement que Poséidon lui semblait plus petit. Pas la peine d'alourdir le passage avec une réflexion qui se veut "classe" mais, dans les faits, plutôt bancale ("les choses ont rarement leur place dans l'imagination" tu parles d'une lapalissade ampoulée...).

J'ai l'impression que ce genre de dialogues un peu foireux se retrouve de plus en plus dans les comics mainstream qui se veulent sérieux sans parvenir au niveau d'un Miller ou d'un Moore. Mais, une fois de plus, les traducteurs y sont sans doute aussi un peu pour quelque chose. Dommage, mais la force de l'histoire n'en reste pas moins intacte, boostée par l'agréable dessin faussement cartoon de Cliff Chiang (malheureusement remplacé sur les deux derniers chapitres) et par les dilemmes tragiques qui approfondissent vraiment la psychologie de Diana . "Liens de sang" est l'occasion idéale d'enfin découvrir l’héroïne de la trinité DC et un background unique qui la fera dorénavant briller aux cotés de l'extraterrestre de Kripton et du milliardaire traumatisé.
Amrit
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le 26 août 2012

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le 26 août 2012

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Amrit

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