Il me semble salutaire, dans le climat délétère qui règne dans ce pays, de recommander de saines lectures de ce genre. Où l'on voit Monsieur et Madame Toutlemonde, étranglés par les antiennes libérales, retrousser leurs manches et faire face dignement à l'adversaire économique, à sa mauvaise foi patente, à ses manœuvres répugnantes et à ses complicités politiques. Car l'économie telle qu'on nous la vend à longueur de journée est devenue l'ennemie du genre humain depuis belle lurette. Les ouvriers de LIP, le fabricant bisontin de montres, en ont fait la cruelle expérience il y a longtemps, et, finalement, leur émancipation a également été celle des femmes. Car les ouvriers sont bien souvent des ouvrières, et les premières pages de cette admirable histoire sont de ce fait relativement exemplaires. Comme l'est le parcours de l'héroïne, dont je ne dévoilerai rien pour vous laisser le plaisir de le découvrir. Je place ce livre sur la même étagère que le DVD de Tous au Larzac, et je continue à croire que les œuvres de ce type sont d'utilité publique. En prime, le dessin colle comme un gant à la narration, et le scénario entrelace astucieusement l'aventure collective et les destins individuels. La préface de Jean-Luc Mélanchon, dont j'ignorais qu'il était également bisontin, est d'une clarté et d'une sobriété remarquables; on peut ne pas partager son analyse, mais au moins écrit-il bien (j'impute la faute de syntaxe que j'ai repérée à l'exaltation révolutionnaire...). Bref, une lecture indispensable, qui donne du grain à moudre dans les débats actuels. Ainsi que le mea culpa de Michel Rocard.