XVIe siècle en Allemagne, Jean Wier est un jeune médecin en mission pour le duc Guillaume de Clèves. Il doit enquêter sur l’attaque d’un loup-garou ayant mordu une villageoise. Jean a fait ses armes en tant que jeune disciple auprès d’un médecin controversé aux pratiques occultes et ayant la réputation d’avoir sauvé une sorcière du bûcher.
Si l’histoire démarre sur un avertissement à propos de la peur qui s’infiltre et modifie la perception que l’on a de nos semblables, la suite du manga prend réellement un parti pris concernant la chasse aux sorcières qui a sévit pendant l’inquisition, causant aussi des dégâts auprès de nombreux médecins ayant voulu sauver une population touchée par la peste noire.
J’ai eu peur au début. Pour un seinen, le style est un peu naïf et peut parfois rappeler celui de The Promised Neverland, mais une fois plongé dans le passé de Jean, les traits se font beaucoup plus sombres, en même temps que l’histoire où l’on apprend que Jean enfant a vu de ses yeux son amie se faire décapiter, rendue elle aussi coupable de sorcellerie par amour pour sa mère.
Les faits historiques et les lieux sont tels qu’on plonge directement entre l’Allemagne et la Belgique de l’époque, véritable berceau du progrès flamand et de la naissance du protestantisme. Ebishi Maki en plus de sa passion pour la Fantasy européenne, fait un travail d’orfèvre, distillant au fil des cases une atmosphère où la religion se mêle aux sciences occultes.
Ça sent Brueghel, ça sent Luther, la lycanthropie et les restes de croyances moyenâgeuses, le tout offrant à l’Église catholique un pouvoir absolu sur le droit de vie et de mort, où le simple fait d’accuser quelqu’un pouvait le condamner par le feu.
La crainte ressentie au début n’aura pas duré longtemps, j’ai aimé comme on aime le premier tome d’une oeuvre singulière, riche et documentée. Je vous laisse découvrir par vous même cette fabuleuse série en 3 tomes qui a tout à fait sa place dans ce que le manga a fait de qualitatif ces dernières années !