Lone Wolf & Cub par Philounrs
Lone Wolf & Cub est le nom sous lequel en occident est connu le manga Kozure Ōkami (Le Loup Errant, jeu de mot entre entre le nom du héros Ogami Itto et Okami, le loup), est un monument de la BD et de la littérature japonaise.
Paru entre entre 1970 et 1976, la série compte pas moins de 28 volumes qui constituent un total d'environ 8500 pages. Les auteurs nous en impose par leur force de production.
A propos des auteurs justement, le manga est scénarisé par Kazuo Koike et dessiné par Goseki Kojima. Ces noms ne diront rien à la plupart d'être vous, hormis certainement, certains cinéphages qui auront reconnu là l'auteur de Crying Freeman, adapté au cinéma par Christophe Gans.
Continuons dans les influences cinématographiques, puisque Lone Wolf emprunte au cinéma de genre japonais, la chambara, cinéma de sabre. Il achèvera sa boucle en 1972, en étant adapté au cinéma dans une série de 6 films : Baby Cart ( auquel Tarantino fera référence et nous révèlera son influence avec les films Kill Bill 1&2).
Publié depuis seulement quelques années en France, sous son titre américain Lone Wolf and Cub, le manga a été précédé par la notoriété et le statut quasi culte qu'il avait acquis aux US.
Découvert par Frank Miller, qui fût un moteur pour sa publication aux Etats-Unis, il constituera pour lui une influence majeure tant graphique que scénaristique (on pourra penser à Ronin, Elektra, ou bien le Wolverine vue par Claremont et Miller que je ne saurais que vous recommander).
Il illustrera d'ailleurs de nombreuses couvertures pour l'édition US de Lone Wolf & Cub . Couvertures reprises pour l'édition française.
Revenons à l'histoire elle-même. Ogami Itto est le Kôgi Kaishakunin, exécuteur officiel de l'empereur. Choisi par le shogun lui-même, le titre récompense le meilleur sabreur qui aura pour charge de tuer les seigneurs coupables d'offense ou de rebellion envers l'empereur lors de la cérémonie du seppuku.
Opposé au clan des assassins des Yagyû lors du combat qui devait désigner le Kôgi Kaishakunin, ces derniers fomenteront un complot envers Ogami Itto qui aboutira au massacre de sa femme et à son déshonneur, jugé comme coupable de parjure envers son shogun.
Le chemin qui se présente à lui est désormais le seppuku... mais c'est la voie du meifumado qu'il foulera, la voie des enfers, la voie de la vengeance.
Il emmènera son fils Daigoro, qui ne saura être épargné par ce choix, qu'il aura aussi fait, de lui-même, encore bébé !
Ogami Itto présente ses services d'assassin au cours du chemin qui s'ouvre sous ses pas et au fil des missions. Tout ce qu'il demande c'est 500 ryos (pièces d'or) quelque soit le nombre de personnes à tuer ainsi que de connaître toute l'histoire sur les personnes visées. C'est le prix de la vie le prix de la vengeance.
Ogami Itto présente toutes les caractéristiques du tueur parfait : taciturne, impassible, résistant à la douleur, déterminé... et surtout imbattable !
Chaque volume de Lone Wolf & Cub est constitué de saynètes qui s'ouvre et se termine avec une mission, ou bien une confrontation avec ses ennemis. C'est dans ce cadre apparemment étriqué que va s'exprimer pourtant toute la force des auteurs montrant l'abnégation d'un homme qui ira exprimer sa voie de l'assassinat comme un art.
Servi par les dessins de Goseki Kojima, d'une spontanéité et d'une force incomparable, privilégiant le trait à la manière de l'art sumi-e et la dynamique. Le cadrage, las angles et le découpage des scènes sont extrêmement cinématographiques et ceci 20 ans avant Sin City !
Le tout conférant au manga le souffle de la lame.
On pourrait croire que dans ce contexte la psychologie des personnages soit plus que limitée, et pourtant il n'en est rien.
Au travers des missions qu'il va rencontrer, Ogami Itto personnage est un personnage monolithique pour mieux mettre en valeur les personnages secondaires qu'il rencontre au fil des ses aventures profilant des histoires et caractères complexes.