[Critique de la série complète]
Dans cette suite de L'Île au trésor, le scénariste Xavier Dorison (Le Troisième Testament, W.E.S.T., Undertaker) et le dessinateur Mathieu Lauffray (Le Serment de l'ambre, Prophet) nous invitent à suivre les aventures de l'emblématique John Silver, plus de dix ans après les événements relatés par Robert Louis Stevenson dans son roman. Cette série en quatre tomes est donc une suite non-canonique, mais surtout un hommage à l'un des plus célèbres pirates de toute la littérature, et au genre lui-même.
Embauché par Vivian Hastings, le quartier-maître à la jambe de bois embarque à bord du Neptune, accompagné de quelques-uns de ses fidèles "frères de la côte", pour traverser l'Atlantique à la recherche de Byron Hastings, mari disparu de la belle lady. Dans une précédente expédition dans la jungle amazonienne, celui-ci aurait en effet trouvé la légendaire cité inca de Guyanacapac et son mythique trésor. Guidés par le mystérieux indien Moxtechica, Silver et ses hommes devront affronter tempêtes, trahisons, hostilité de l'équipage régulier, manipulations féminines, fièvres et créatures sauvages avant de mettre la main sur les montagnes d'or inca. Un or maudit, comme il se doit...
Entraînante et agréable à lire, la tétralogie Long John Silver brode sur la trame d'une grande et épique aventure quelques réflexions sur la nature humaine, en particulier celle des fameux pirates. Dorison en livre une vision anti-romantique, les dépeignant comme des hommes durs, violents, parfois cruels, cupides, égoïstes et vaniteux, mus seulement par leur propre intérêt et dénués du moindre esprit chevaleresque. En tempérant, par touches infimes, cette définition du pirate lorsqu'il l'applique à son (anti) héros, il parvient cependant à nous le rendre presque digne d'admiration, si ce n'est même sympathique. Le dessin de Lauffray, quoi qu'inspirant parfois une vague sensation de fouillis, est remarquable et met particulièrement bien en valeur l'histoire, notamment au niveau des décors de jungle et de pyramides dotés d'une formidable puissance évocatrice. Au final, il serait exagéré de qualifier Long John Silver de chef-d'œuvre, mais cette série constitue vraiment une belle réussite.