Une lecture qui m'a agréablement surpris. Chester Brown est surtout connu aujourd'hui pour son oeuvre autobiographique plutôt honnête et sans tabou. Ce bouquin suit le même schéma, mais avec une histoire probablement plus dense que ce qu'il a pu raconter jusque là.
Le risque à parle d'un autre, c'était de tomber dans l'ennui, surtout en matière de bandes dessinées: kiki est l'un des rares autres récits contés dans ce merveilleux médium qu'est la bande dessinée qui ait pu m'apporter joie et satisfaction.
Chester Brown nous donne donc un cours d'histoire sur son pays, le canada, et plus particulièrement sur les tentatives désespérées des français et métisses d'être jugés égaux aux anglophones. La barbarie et la trahison sont quelques ingrédients parmi d'autres qui composent ce savoureux album. En plus de ce passionnant apport historique, l'auteur en profite pour glisser ci et là quelques notes d'humour afin de laisser respirer son lecteur et lui rappeler qu'une bande dessinée, aussi intelligente et raffinée soit elle, restera toujours un moyen de divertissement, comme tout art finalement.Il arrive également à traiter des problèmes de religion qui sont déjà abordés dans ses oeuvres plus 'personnelles'.
Enfin, le dessin, assez froid et comparable au dernier chiot de l'auteur (paying for it) est ici subtilement mis en case. Les scènes de combat sont distantes au point qu'on a le sentiment de voir un gosse s'amuser avec ses jouets, ce qui provoque une certaine émotion. Son découpage aussi peut se révéler aussi contemplatif que survolté, créant un rythme assez étrange un peu comme dans un rêve.
Chester Brown est clairement un auteur majeur contemporain de la bande dessinée; il ne délivre peut être jamais un album parfait, mais ça reste inventif, ingénieux, audacieux et intéressant; bien plus que la majorité des productions dans le domaine. A lire!