Le sujet est d'actualité : comment penser l'amour à l'ère du numérique ? Il est vrai qu'en ce début de XXIe siècle, les sites de rencontre ont profondément changé la façon dont les rencontres amoureuses se font. Aujourd'hui, l'amour est devenu un produit de consommation comme un autre, à certains niveaux.
Love Corp part de ce sujet pour pousser le curseur un peu plus loin encore : que se passerait-il si l'application de rencontre ultime était inventée ? Qu'arriverait-il si une telle application nous permettait de ne rencontrer que LA personne qui nous correspond ? Personnellement, en découvrant les premières pages, j'ai été très enthousiasmé par le récit que pourraient faire les deux jeunes auteurs à partir de cette idée.
À lire le résultat, on a l'impression qu'ils ont été dépassés par leur sujet. Finalement, ils nous livrent une galerie de portraits de gens dont le quotidien est plus ou moins impacté par cette technologie révolutionnaire, du jeune homme découvrant l'amour au quarantenaire lassé des ruptures. Intéressant, mais un brin décevant, surtout quand on découvre le twist préparé par J. Personne :
Le créateur des bracelets Love Corp saborde lui-même sa technologie, effrayé par l'apathie ambiante et considérant qu'elle est un échec, puisque tout le monde se complaît dans son confort émotionnel et sentimental.
Le problème, avec cette fin, c'est qu'elle est tout aussi intéressante (si pas plus) que le reste de l'histoire. En tant que lecteur, je me retrouve donc avec ce goût de trop-peu qui fait que l'on passe, à mon sens, à côté d'une idée qui aurait pu être brillante, mais qui n'est finalement que divertissante. Heureusement, le dessin est plaisant et sert bien le propos.
Au final, un agréable moment de passé, mais avec une amertume quant à ce que ce moment aurait pu être si les auteurs avaient été au bout de leur démarche scénaristique.