Pourquoi faire Negima après ça ?
Love Hina est un manga shonen de type harem-pantsu, ça veut dire que le héros est entouré de jolies jeunes femmes dont on voit fréquemment les dessous et les courbes généreuses afin de plaire au jeune public masculin qui est le lectorat ciblé.
Ken Akamatsu respecte les critères de base de ce genre puisque le héros, Keitaro Urashima est un jeune looser de 20 ans qui a échoué 2 fois au concours pour Todai (la plus grande université du Japon) qui n'a aucun succès auprès des femmes, il va se retrouver à vivre dans une pension pour fille permettant de l'entourer de belles demoiselles et d'ainsi plaire aux lecteurs. Nous pouvons noter dès le début que les codes du harem sont respectés avec la fille qui n'aime pas le héros (Motoko), celle qui est excentrique à souhait (Su), celle qui tombe amoureuse du héros dès le début (Shinobu), celle qui est la plus dépravé (Kitsune) et l’héroïne, dont on sait dès le premier chapitre qu'elle finira avec le héros (Naru).
Au niveau des personnages nous avons donc du pur stéréotypé, avec quoi s'ajoutera la chipie (Sara), la femme adulte presque taciturne (Haruka, la tante du héro), le professeur-modèle pour le héro (Seta), l'amie-complice mais aussi autre histoire possible pour le héros (Mitsumie). Après l'auteur va aller voir des personnages peut être moins communs et moins évident, nous verrons par exemple Kanoko, la petite sœur du héros qui se tape un sévère brother-complex … Comprenez qu'elle en pince pour son frère. Nyamo est une belle fleur des îles dont l'utilité est proche de zéro si ce n'est charmer le lecteur avec plus de filles encore, reconnaissons qu'elle permet de mettre en avant Shinobu et développe la passion pour l'archéologie de Keitaro. Tsuruko est la sœur de Motoko qui offrira un personnage chiant au possible au manga, en effet chacune de ses interventions fera la même situation : elle viens ramener Motoko => Motoko s'y oppose => Combat => Défaite de Motoko => La grande sœur critique sévèrement Motoko => Motoko doute => Keitaro rassure Motoko => Motoko bat sa sœur => Motoko reste à la pension Hinata et Tsuruko est contente. Bon ok, c'est un peu lourd comme schéma mais on a le droit à 2 fois cette même situation plus une fois qui est presque identique à la différence que Tsuruko n'est physiquement pas présente. Enfin au niveau des personnages Shirai et Haitani, les deux amis de Keitaro disparaissent bien vite, ce qui est dommage, cette sous-exploitation des relations amicales est un problème récurent chez Akamatsu, à tel point qu'Haruka ne prendra de l'importance que dès que le moment où son idylle avec Seta se mettra en place. A croire que Ken Akamatsu pense que la vie n'existe que par l'amour et que l'amitié n'a aucune place en ce bas monde.
Après ce pavé un peu indigeste nous pouvons entrer dans le cœur de Love Hina avec l'évolution des personnages, si chacun a son caractère propre, son apparence déterminé et ses caractéristiques, cela peut évoluer, se développer. En effet, le mot le plus important pour Love Hina est le mot « développement ». Ken Akamatsu va développer son art et sa façon de raconter des histoires. Motoko passe ainsi d'une kendoka assez doué à une tueuse de démon capable de détruire des avions à coup d'épée. Su est au début une geek qui aime bien la robotique et elle finit par créer des véritables Gundam.
Cette évolution se ressent également dans l'humour, Ken Akamatsu est un grand amateur d'humour cartoonesque, cela va se développer petit à petit. De plus en plus d'humour « too much » va se développer alors que le début est plus basé sur du WTF et des situations illogiques mais pas forcément constamment irréalistes.
Nous ne sommes pas encore dans Negima où ce too much deviendra la marque de fabrique dès le début, là Akamatsu fait une évolution qui nous permet de nous y habituer tranquillement et doucement. Cette évolution se ressent d'ailleurs aussi dans le style graphique, passant d'un style assez vintage (année 90 oblige) des premiers tomes (1-3) à des choses de plus en plus osées, jeunes et décontractées. Ce virage se fait définitivement sentir dans le tome 8. Mais il n'y aura pas de passage brusque, cela se fera par petite touche.
De la même façon, dans le concept d'évolution, nous pouvons souligner que Keitaro deviendra de plus en plus sympathique, n'étant plus un simple poissard, il deviendra vraiment attentionné, gentil et serviable. De la même façon, Naru sera de moins en moins furie.
Ce manga a de plus deux autres particularité scénaristiques. La première est que souvent, dans ce genre d'histoire, la fin arrive quand le héros et l’héroïne sortent ensemble, or ce n'est pas le cas de Love Hina. Keitaro et Naru se mettent ensemble dès la fin du tome 9, ce qui fait pas moins de 5 tomes sur 14 dans lesquels ils forment un couple … Plus d'un tiers de l'histoire ! C'est le genre de détail qui rend le livre plus agréable à lire, en effet, on voit le couple s'habituer l'un à l'autre, se former, se transformer, évoluer et finalement vraiment s'accepter et s'aimer, devenir un couple unis, allant jusqu'au mariage même. Ce dernier point est cependant limite, parler de mariage, de métier qui tombent du ciel (Keitaro se passionne pour l'archéologie d'un coup, Naru devient prof sans raison) et l'absence de sexe, à peine évoqué dans les 2 derniers tomes sans qu'ils fassent quoi que ce soit (je ne parle pas de sexe visuels, vraiment au niveau scénario, comme dans Ichigo 100% où le héros faisait l'amour dans les 2 derniers tomes du manga) donnent un coté grand enfant à leur relation, ça enlève le charme du réalisme et montre encore que Ken Akamatsu a bien du mal à donner dans la réalité, il fait trop de fiction sans s'appuyer sur du réel. C'est ce que je reproche à Negima, mais ce qu'a su éviter Love Hina. Encore une fois, cette évolution lente de Naru et Keitaro (qui est une évolution du style de Ken Akamatsu) nous les rend adorables, nous force presque à les aimer tant on s'habitue à eux.
La seconde particularité scénaristique est que Ken Akamatsu voit ses mangas dans l'édition de tomes et non dans son ensemble. Bien lui a pris, chaque tome est agréable à lire et on ne les lits pas comme des successions de chapitres mais comme des arcs à part entière. Une qualité que peu de mangas ont, malheureusement. Par exemple, du tome 1 à 3 inclus, nous avons l'arc du premier concours, tome 4-7, l'arc du second concours. Le tome 8 est presque un one-shot à lui tout seul, c'est un arc complet, là où les tomes 9, 10 et début du 11 sont un peu difficile. Si le 10 et début du 11 sont sur le couple Keitaro-Naru, le tome 9 sert plus à mettre se couple en place, il est l'occasion de reparler des habitantes de la pension dont on ne parlait plus trop jusque là. Les tomes 11 (enfin à partir du 2nd tiers) et 12 sont sur l'arc « Kanoko » et les tomes 13 et 14 sur la fin, les derniers accomplissement nécessaire pour que le couple Keitaro-Naru soit définitivement scellé.
Bref, Love Hina a plein de bons points, j'ai parlé du scénario jusque là, du traitement des personnages, mais il ne faut pas oublier l'humour, quasiment omniprésent, on se marre 3-4 fois par chapitre minimum. On s'attache aux personnages et on a vite nos préférés (et nos têtes à claques). Visuellement c'est très beau aussi, vraiment, le style s'est épuré et bonifié avec cette saga là. Pour le coté Too Much, ça m'énerve pas dans cette œuvre car c'est dosé, l'évolution de ce procédé là aussi se fait petit à petit, en total opposition avec Negima qui nous plonge directement dans cet univers bien … Etrange on va dire. En 14 tomes, Ken Akamatsu a créer un manga pantsu d'une qualité bien supérieur à ce que ce type autorise d'habitude. Peut être pas, LE manga de ce genre à lire, mais très sérieusement, avec Ichigo 100% et Ai Video Girl il s'agit d'un de mes 3 titre préféré de ce genre.