Un beau -voir très beau- dessin ne fait pas tout.
C'est ce qui saute en premier aux yeux lorsque l'on ouvre cette adaptation très romancée de la vie de H.P. Lovecraft (et c'est aussi ce qui m'a fait acheter cette bd) : Le dessin est magnifique. Mélange d'aquarelles, de dessin à la plume et sans doute d'autres techniques. Là dessus, aucune déception.
Mais le reste m'a laissé sur ma faim.
J'ai encore du mal à identifier précisément la source du problème : Sans doute en partie dû à une narration pas terrible, aussi à un scénario pas bien passionnant... et en tout cas clairement à des couleurs beaucoup trop vives et joyeuses pour placer l'ambiance qui correspond au récit...
Mais je n'ai jamais vraiment réussis à rentrer dans ce récit.
A aucun moment je me suis senti transporté par l'histoire et j'ai eu l'impression de survoler cette BD à distance... comme on feuillette un beau recueil d'illustrations un peu sans âme.
Avec ma "maturité" de vieux lecteur de BD je réalise qu'avec les années j'ai changé de regard sur le dessin en bande dessinée. Un beau dessin ne m'apparait plus comme un avantage essentiel à une bonne BD si il ne sert pas le récit, l'ambiance et l'univers.
Je comprends mieux des choix d'illustrateurs qui m'ont fortement déplu à l'époque comme par exemple celui du dessin d'un "From Hell" ou d'un "V for Vendetta" d'Alan Moore.
Dans ces deux cas, le dessin m'avait fortement repoussé au départ, mais avec le temps, j'ai compris qu'ils collaient parfaitement à l'histoire.
Autant je trouve que les anciennes planches en noir et blanc d'Alberto Breccia (le célèbre père d'Enrique) me plongent vraiment dans l'univers sombre et angoissant de Lovecraft, autant les planches claires, lumineuses et colorées de cet album me font l'effet inverse.
Bref... je suis sans doute un peu sévère et il faudra que je la relise bientôt pour vérifier ma première impression, mais si cette BD est un bel objet, elle ne m'a jamais transporté par son récit.