Lumière sur le front n'est pas la suite du Grand Mal. C'est une histoire qui se déroule en parallèle de celle-ci et qui permet à Mazan de mieux décrire et de préciser son personnage principal : le monde qu'il a créé, dont on ne connaissait jusqu'à présent qu'un genre d'univers apocalyptique (une île-prison ou une mine sordide où règne la contagion d'un grand mal dévastateur et inconnu). On imaginait ce monde comme une variation sur le notre mais qui aurait encore plus mal tourné, la planète entière étant apparemment à l'image de ce qu'on voit dans le tome 1. Eventuellement dans un futur proche après un genre de "grand cataclysme" où tout est à rebâtir.
Le tome 2 nous montre qu'il n'en est rien. On serait plutôt dans le passé. A l'époque de la guerre de 1914-18 sans que pourtant ce soit vraiment elle. Les lieux sont imaginaires, la magnifique ville de Drennes en particulier qu’on voudrait pouvoir visiter. Le monde dans lequel vivent les nouveaux personnages qui nous sont présentés est absurde. Les citadins des deux camps qui s'affrontent sur le champ de bataille se retrouvent par exemple dans la paix des théâtres pour voir des films muets sur les batailles livrées le jour même.
Le parallèle entre la rivière qui inonde un village et l'armée qui vient le raser est absolument magnifique. C’est le clou de l’album. C'est du grand art tellement c'est subtilement fait (d'où mon 9/10 + les décors de la ville et la cohérence su scénario).
On peut avoir Lumière sur le front seul, les deux autres tomes ne sont pas nécessaires pour l'apprécier. Mais l'ensemble des trois a une plus grande portée.