Le premier tome de Descender avait été pour moi une petite claque, autant d'un point de vue graphique que thématique.
Il amenait des idées pertinentes sur les robots, les humains, le racisme, etc. Tout en développant un univers de space-opera, certes classique, mais efficace.
Ce tome-ci en est presque une sorte de miroir inversé, si vous voulez (Et je précise que cette critique pourrait spoiler les 2 premiers tomes de Descender, soyez prévenus).
Le premier tome nous montrait le point de vue des "organiques", des vivants. Il nous montrait la manière dont la société s'est rebâtie à la suite de l'attaque des Moissonneurs et ses actions contre les robots, nous découvrions d'ailleurs dans la dernière partie la race des Gnishiens, dont le fond de commerce est la traque et la destruction systématique de tous les robots quel que soit leur fonction.
Ce tome 2 nous montre ce coup-ci le point de vue du Programme, le mouvement de résistance des robots face aux organiques, dont le chef a un "fils" qui n'est autre que TIM-22, un autre robot-enfant créé par le docteur Quon.
Et c'est là le point central de ce tome : La relation entre TIM-21 (notre héros), élevé par des humains et au final très proche d'eux, et TIM-22, élevé par des robots, et bien plus mécanique et froid. Le premier tome mettait en avant la relation entre TIM-21 et son "frère" disparu Andy : Au contact d'un humain voyant plus en lui l'enfant que le robot, notre héros développait son empathie à l'égard des vivants, jusqu'à un niveau qu'un humain jugerait anormal pour un robot. Dans ce tome-ci, TIM-21 fait face à son jumeau et à sa Némésis, pour qui l'organique est faillible et doit être remplacé par le métal. Étant de la même série, ils sont comme frères, mais tout les oppose. C'est simple, mais efficace.
" C'est si... bizarre. Je n'avais jamais vu un livre sur papier.
Pourquoi aimes-tu les lire comme ça ? Ça a l'air si... faux."
- TIM-22 à 21.
Cela est d'ailleurs rendu sacrement ironique quand dans ce tome, on découvre le fameux Andy, devenu un impitoyable chasseur de robots, à la recherche de son frère synthétique dans toute la galaxie. Je me demande ce que pourraient donner leurs retrouvailles dans la suite.
Dans le premier tome, il nous était révélé que Quon, le génial inventeur de robots futuriste, était en fait un imposteur qui a piqué les recherches de son professeur pour son profit personnel (petit clin d’œil à Nikola Tesla et Thomas Edison ?). Le dieu des robots est un faux dieux. Que les machines ont remplacé dans ce tome par les Moissonneurs, des entités mécaniques sur-evoluées qui ont pour mission de détruire l'univers, et que le Programme compte bien soutenir, ce qui n'est pas sans rappeler la relation entre les Geths et les Moissonneurs dans Mass Effect.
Je me demande d'ailleurs si, le thème des robots massacrés en masse à cause du problème Moissonneurs pouvant être considéré comme une métaphore du rejet de la communauté musulmane à cause des malversations de 2/3 cons bossant pour Daech, on ne pourrait pas voir le Programme comme représentant ces même musulmans victimes de brimades et d'amalgames stupides qui choisissent de se radicaliser pour revendiquer leur liberté, symbolisant ironiquement que l'Humain veut voir le mal partout, et que c'est par cette peur du mal qu'il finit par créer ses propres démons.
Le récit gagne une dimension métaphysique, certes assez classique, mais très prometteuse pour la suite, surtout lorsque l'on apprend que TIM-21 pourrait être le Jésus-Christ des Moissonneurs.
Comment ? Pourquoi ? Destin immuable ou Futur inconstant ? Je ne sais pas, et j'avoue que ça titille ma curiosité.
Bref, Descender continue d’émerveiller, et ce n'est pas pour me déplaire.
Lisez Descender, c'est bien.