Moi et Millar, on est pas vraiment pote.
Comme beaucoup, j'ai été fan de ses premiers travaux, j'ai adoré ses Ultimates mais petit à petit ses tics d'écriture sont devenus , pour moi, assez insoutenables.
Que ça soit en mainstream ou en indé, ses scénarios m'énervaient prodigieusement (le pompon étant le volume 2 de Kick Ass )
Ce qui m'exaspérait encore plus , c'est que malgré mes reproches, son aura semblait attiré le gratin des dessinateurs US pour lesquels je voue une véritable admiration.
Frank Quitely fait parti de ceux-là.
Auteur rare ( et pas des plus rapide ), il impressionne autant par son style unique que par son sens de la narration. Une merveille.
Vue de l'extérieur, par le biais des sites US, la série semblait avoir son lot de fan mais elle faisait surtout parlé d'elle par les retards accumulés du dessinateur ( ce qu'on ne ressent pas quand on lit ça en un seul tome en VF et c'est très bien ;))
Là où j'ai commencé à tiquer, c'est quand j'ai vu les premiers avis et notes sur SC de la version VF.
Bon, j'avais l'intention de le faire au moins pour les dessins de Quitely mais je n'étais pas forcement parti pour prendre mon pied.
Pourtant en refermant le bouquin, il fallait bien que je l'admettes : Mark Millar m'a mis sur le cul.
Or, si on prend l'intrigue avec du recul, elle n'offre pas quelque chose de particulièrement original. On est dans un récit de destruction du mythe du super héros comme les affectionne un peu trop souvent Mark Millar.
Et pourtant, ici, tout est un peu différent.
Déjà , les 2 visions qui s'affrontent, c'est un peu l'affrontement entre le héros d'antan et les nouveaux super héros, l'affrontement entre les héros que Millar admire et ceux qu'il a contribué à créer ( par le biais d'Authority ou d'Ultimates ). C'est aussi l'affrontement de 2 visions politiques et si on peut assez vite voir vers laquelle penche l'auteur britannique, il faudrait cependant se méfier des interprétations un peu rapide ( et surtout qu'est qu'on s'en fiche en vrai , c'est justement ça qui fait que ça change ).
Dans un sens, il n'y a pas vraiment de vilain et même si les actions de Walter peuvent paraître extrêmes, il fait ça, avant tout, dans l'espoir de changer le monde et de le rendre meilleur.
L'autre point intéressant, c'est celui de la famille et notamment de l'héritage.
Alors bien sûr, comme souvent chez Millar, les enfants sont perdus et ne trouvent que du soulagement dans la drogue, l'alcool et la baise.
Mais cette fois-ci , tout y est plus subtil. L'auteur n'exagère pas son propos, n'use pas de punch line rigolote ou d'ultra violence ( une seule scène et elle en devient carrément plus efficace ) et réussi donc à rendre ses personnages attachants.
Que ça soit ce frère paumé qui n'arrive pas à faire face à la perfection de son père ou cette sœur qui essaie de faire de son mieux pour rendre fier ses parents, on s'attache à leur fêlure, on vibre presque avec eux.
Alors, il est peut être un peu tôt pour voir, dans ce Jupiter's Legacy, le renouveau de Mark Millar surtout que la série va connaître de nombreux problèmes de délai mais il est plaisant de voir qu'il est capable d'écrire d'une façon plus réfléchi tout en restant lui même. D'une certaine façon, il me fait un peu pensé à Ellis qui a eu les mêmes problèmes et qui semblent lui aussi s'en sortir.
C'est un peu comme si il avait compris les nombreux reproches que lui ont fait ses détracteurs et je dois l'admettre, ça faisait longtemps que je n'avais pas dit ça pour une série de Mark Millar mais "Vivement la suite."