Quand les Dalton se font mater par une maman plus dangereuse qu’un colt

Avec Ma Dalton (1971), René Goscinny et Morris nous livrent une pépite hilarante de l’univers de Lucky Luke, où le danger ne vient pas des six-coups, mais d’une mère possessive et autoritaire, capable de rendre les Dalton encore plus incontrôlables (et c’est un exploit en soi). Cet album joue sur une dynamique familiale explosive, où la figure maternelle est à la fois le chef de gang et le juge de paix. Autant dire que Lucky Luke a du pain sur la planche.


L’histoire débute lorsqu’Ma Dalton, la mère des célèbres frères, débarque dans l’Ouest pour s’assurer que ses fils se tiennent bien (ou plutôt, qu’ils se tiennent mal, mais avec un peu plus de style). Véritable caricature de la maman poule façon Far West, Ma Dalton n’hésite pas à manipuler, menacer, et parfois même tirer sur tout ce qui bouge pour remettre ses garçons sur le droit chemin… du crime, évidemment. Entre son influence démesurée et l’incapacité chronique des Dalton à réussir quoi que ce soit, les situations absurdes s’enchaînent à un rythme effréné.


Joe Dalton, fidèle à lui-même, essaie de tirer profit de la présence de sa mère, mais son impulsivité et sa petitesse (dans tous les sens du terme) le conduisent comme toujours à des échecs retentissants. Averell, de son côté, continue de voler la vedette avec sa bêtise légendaire, oscillant entre enfant de cinq ans et génie du comique involontaire. La relation entre les frères et leur mère est le cœur de l’humour de l’album, avec des dialogues savoureux et des situations qui rappellent parfois plus une sitcom familiale qu’un western.


Et Lucky Luke, dans tout ça ? Fidèle à son rôle, il garde son calme légendaire face à ce cirque familial. Son flegme face aux absurdités des Dalton et à l’autorité écrasante de Ma Dalton est une source d’humour constante. Mais cet album lui permet aussi de montrer un côté plus stratège, jouant subtilement sur la psychologie familiale pour semer la zizanie parmi ses adversaires.


Visuellement, Morris est en grande forme. Les expressions faciales des personnages, qu’il s’agisse de la fureur comique de Joe ou des regards glacials de Ma Dalton, renforcent parfaitement les dialogues incisifs de Goscinny. Les décors du Far West, bien que familiers, servent de toile de fond idéale à cette aventure décalée, où les saloons et les prisons deviennent des terrains de jeu pour la comédie.


Goscinny, quant à lui, est au sommet de son art. Les dialogues sont ciselés, les gags visuels et textuels s’enchaînent avec une fluidité déconcertante, et l’intrigue, bien que simple, est portée par des interactions hilarantes entre les personnages. La satire de la figure maternelle possessive, transposée dans l’univers des Dalton, est une trouvaille géniale qui donne à cet album une saveur unique.


Si l’on devait chercher un petit défaut, ce serait peut-être le manque de véritables moments de tension ou d’action, l’album misant avant tout sur l’humour et les situations absurdes. Mais cela ne fait qu’ajouter au charme léger et décalé de cette aventure.


En résumé, Ma Dalton est un des grands classiques de la série Lucky Luke, où Goscinny et Morris montrent une fois de plus leur maîtrise de l’humour et leur talent pour revisiter les clichés du western. Entre une mère envahissante, des frères Dalton au sommet de leur maladresse, et un Lucky Luke toujours imperturbable, cet album est une comédie irrésistible qui fera sourire même les pires desperados. Un must-read pour ceux qui aiment les Dalton… et les mamans qui ne lâchent rien.

CinephageAiguise
8

Créée

le 18 déc. 2024

Critique lue 3 fois

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