Je ne suis pas un grand fan de la collection Marvel Vintage chez Panini. Des histoires qui m’inspirent rarement et un prix qui me fait peur, par contre, à chaque fois. Mais avec ce volume de Machine Man, c’est un petit peu différent. Plus que le titre, c’est la présence de Jack Kirby qui a fait pencher la balance. On ne rate jamais une occasion de lire le travail du King, et ce sera, aussi, l’occasion de découvrir les origines de Machine Man.
X-51, aussi connu sous le nom de Machine Man, est une arme de guerre dotée d’une âme. Le scientifique Abel Stack a donné un visage à sa plus géniale création et l’a toujours traitée comme son propre enfant. Mais à la mort de son inventeur, le robot vivant se retrouve seul et en fuite. Personne ne le comprend et l’armée veut le démanteler. Qu’adviendra-t-il de lui ?
(Contient les épisodes Machine Man #1 à 19, The Incredible Hulk #234 à 237 et Marvel Comics Presents #10)
Machine Man, comme son nom l’indique (on ne s’embêtait pas à l’époque) est un homme-robot incroyablement en avance sur son temps. Une machine hors du commun ! Unique rescapé d’une expérience scientifique et militaire, il a eu la chance d’avoir un créateur qui a pris le parti de le considérer comme son fils, d’où une humanité très présente et surprenante !
A la mort de son créateur, de son « père », X-51 est livré à lui-même. Les gens le regardent plus que bizarrement mais il n’en a que faire. Il tient à vivre sa vie comme il l’entend, et son humanité le pousse à se démener pour venir en aide aux autres. Malheureusement pour lui, la plupart du temps c’est la surprise et la peur qu’il reçoit en récompense. Mais ce n’est pas le pire ! Suite à l’échec de ce projet, les militaires décident d’effacer toutes traces de ce dernier, et cela passe par le démantèlement d’X-51 ! On se doute bien, que ce dernier n’est pas d’accord.
C’est ainsi que l’on se retrouve avec des premiers épisodes où X-51 se retrouve à jongler entre actes héroïques et fuite face à des militaires avides de le détruire, avec le terrible colonel Kragg ! Complètement esseulé, il va pouvoir compter sur l’aide précieuse, le soutien de Peter Spalding, psychiatre !
Les premiers épisodes apparaissent donc assez répétitifs, notre héros sauve les gens, qui ne lui le rendent que très rarement, tout en étant poursuivi par les militaires qui usent et abusent des canons soniques à leur disposition ! Seules armes aptes à faire du mal à notre héros !
Mais Jack Kirby nous propose très vite d’autres intrigues. Machine Man devient la cible d’un groupuscule de malfrats voulant mettre la main sur la technologie du héros. Il devient la cible d’un homme politique, d’un sénateur désireux de rejoindre la Maison-Blanche en utilisant la menace que représente Machine Man pour gravir les échelons. Il affronte, également, un autre robot venu de l’espace.
Les histoires de Kirby sont simples, courant sur peu d’épisodes mais permettant de bien comprendre l’essence même du personnage. Un robot plus humain que machine, désireux d’apprendre de l’Homme, s’intégrer et passer par-delà sa programmation ! Même si cela provoque, de temps à autre, des conflits internes.
C’est sur cette base que Marv Wolfman reprend le personnage, après un crossover contre Hulk. Le colonel Kragg reconnaît que Machine Man n’est pas une menace, bien au contraire, et devient un allié de poids. Mais le sénateur Brickman reste un ennemi de taille, d’autant qu’il ne cesse de se rapprocher de la Maison-Blanche ! Mais cela n’est plus une menace au quotidien. C’est ainsi que Wolfman prend un tournant radical en permettant à notre héros de « s’immerger » dans une vie humaine grâce à un déguisement et un emploi au sein d’une agence d’assurance.
Il est très difficile pour Machine Man de s’intégrer au sein de ses collègues. Les émotions humaines sont trop difficiles à acquérir pour le robot. Cela lui permet néanmoins d’en apprendre plus sur les humains. Et plus il en apprend, plus il semble déçu par ce qu’il découvre ! Petit-à-petit il a de plus en plus de mal à trouver une bonne raison de se battre pour eux ! D’autant que les menaces, les dangers sont toujours plus nombreux. Mais cette réaction, ne serait-ce pas le début d’un sentiment ? L’homme ne prendrait-il pas le pas sur la machine ?
A travers ces intrigues, à travers ce questionnement de Machine Man, ce sont à nos propres défauts, nos propres erreurs que Jack Kirby et Marv Wolfman nous poussent à nous pencher. Comme Machine Man le comprend lui-même, le plus grand prédateur de l’Homme, c’est lui-même ! Avec tout ce dont on est capable de ressentir, de créer, de penser, pourquoi est-ce toujours vers le mal, le mauvais que cela penche ? C’est hallucinant notre capacité à scier la branche sur laquelle nous sommes assis.
Graphiquement, les neuf premiers épisodes c’est un régal ! Forcément, neuf chapitres de Jack Kirby c’est de l’or en barre, un véritable régal pour les yeux. Le style du King était tellement unique, tellement an avance sur son temps. C’est toujours une assurance d’en prendre plein les yeux. Les épisodes suivants, par Steve Ditko ne sont pas en reste. C’est certes un peu moins parfait, un peu moins fort, mais tout aussi génial à regarder.
Bref, s’il faut bien reconnaître que cela a un peu vieilli, on a vraiment quelque chose d’old school, que l’intérêt n’est pas forcément présent à chaque intrigue, on se retrouve néanmoins avec une série qui pousse à s’interroger sur nous-même, qui pousse à la réflexion, ce qui est la force des récits de Jack Kirby. Si quelques intrigues sont ronflantes, les autres sont prenantes ! Cela reste une belle découverte, une personnage intéressant et unique en son genre ! Puis, surtout, cela reste un personnage de Jack Kirby, rien que cela suffit !