Tome et Janry avaient commencé dans leurs nombreux albums précédents à moderniser la license Spirou .
La série des Spirou a beaucoup marqué mon enfance,j'en ai lu beaucoup et très tôt. J'ai appris à dessiner en reproduisant Spirou et cie et j'ai lu " Machine qui rêve" à l'âge de 14 ans. J'ai eu l'impression par le biais de ce tome que Spirou avait grandi en même temps que moi.
Ce tome est très particulier dans la série,ambitieux, révolutionnaire pour l'époque. Les auteurs s'affranchissent complètement des codes habituels: fini le vêtement de groom pour Spirou , fini les "méchants" traditionnels , le scénario , le style graphique, l'ambiance générale de ce volume est beaucoup plus adulte. Ce n'est pas sans rappeler " Soda", une série du scénariste Tome.
Ce volume là n'est pas drôle,( d’ailleurs il pleut tout le temps). Le thème abordé était d'actualité au moment de sa sortie et soulevait beaucoup de questions d’éthiques...on a pas l'habitude d'autant de sérieux chez Spirou
C'est dérangeant, perturbant . C'est le genre de truc qu'au premier abord on déteste car ça vient donner un coup pied dans nos bonnes vieilles habitudes, mais qu'au final on adore.
Ce volume est pour moi l'aboutissement ultime de la série. Je pensais naïvement à l'époque qu'on allait vers une vraie modernisation du personnage et cette idée me plaisait beaucoup...
Oui , mais voila, pendant longtemps pas un seul Spirou n'est sorti après ça. Tome et Janry produisaient des " petit Spirou" à la pelle qui je pense rapportaient plus d'argent à Dupuis. " Machine qui rêve" était surement trop en rupture avec les opus précédents et a probablement fait un flop auprès des lecteurs .
Finalement ils ont passé la main à d'autres qui ont fait un retour en arrière monumental , et c'est compréhensible: pour beaucoup de gens Spirou reste le sympathique reporter habillé en groom aux aventures certes rocambolesques mais bourrées d'humour
"Machine qui rêve" fut un tournant dans ma carrière de lectrice de BD, on peut dire qu'elle a été ma première BD d'adulte, et ça , ça marque une vie .