Si j’aime Pirlouit et son pote Johan, si les Schtroumpfs m’assomment, j’avoue avoir, il y a fort longtemps, apprécié Benoît Brisefer. J’étais un gamin bien élevé. J’aimais rendre service et obéissais, dans la mesure de mes capacités, aux attentes des grandes personnes. J’appréciais ce garçon à l’inaltérable esprit de boy scout. J’admirais sa force, enviais sa liberté et souriais à sa naïveté.
Peyo est le père, en 1960, d’un surprenant super-héros. Benoït est très, très fort. Nous ignorons tout de l’origine de cette force herculéenne. Par une étrange et commode fatalité, nul ne veut croire à réalité de ses exploits. Phénomène rare dans le monde de la bande dessinée, Benoît est un véritable petit garçon, qui ne réagit pas en préado. Il aspire àt être serviable et sa gentillesse le conduit à croiser le chemin de méchants, qu’il envoie illico en prison… après son coryza. Car, le rhume est son talon d’Achille, sa cryptonite à lui. Ce point faible est un habile (et récurrent) artifice qui permet à ses adversaires de reprendre confiance et au scénario d’atteindre les 48 pages réglementaires. Le dessin de Peyo est plaisant. Conçu comme contemporain, le contexte a vieilli et alloue, aujourd’hui, à ces albums un savoureux et imprévu cachet vintage, renforcé par l’atmosphère surannée du village de Vivejoie-la-Grande.
Benoît étant (trop) raisonnable, l’éventuel piment de l’histoire est à chercher dans les talents de son adversaire du moment. Madame Adolphine est une adorable vieille dame qui, pour son malheur, a fourni le modèle aux traits d’un cyborg fort peu gracieux.
PS La série a été reprise dans les années 90 par le fils de Peyo.
2018