Ca commence par des planches en aquarelle mettant en scène des chiens dans une petite bourgade tranquille. C'est joli, c'est mignon, c'est propre. C'est typiquement ce que l'on peut trouver dans des livres pour enfants d'il y a 2 ou 3 générations. Honnêtement, ça pourrait être un spin-off de "Martine" qu'on appellerait "Patapouf et ses amis" (Patapouf, c'est le chien de Martine pour ceux qui ne maitrisent pas).
Les camarades de Patapouf s'appellent, ici, Dobey le doberman, Carl, le carlin ou Cador le Husky. C'est adorable tout plein, surtout quand ils parlent de leurs "humains", leur pâtée, leur niche... Mais le quotidien de ces compagnons tout de poils vêtus se trouve bousculé par des évènements mystérieux et, ni une ni deux, voila la joyeuse troupe qui se décide à enquêter jusqu'au cœur de l'étrange.
Tout ça nous entraine, nous lecteurs, dans un épisode de "la bande des cinq" sauf que, d'abord, ils sont 6 et que l'on sent comme un souffle glacé dans notre nuque et puis tout est trop calme, tout est trop propre.
Soudain, l'horreur arrive sans prévenir. Les planches deviennent rouge sang et les canidés doivent faire face à des monstruosités tirées des croyances populaires : zombies, loup-garous, sorcières...
Finis les dessins pour enfants, là nous entrons dans l'effroi le plus complet : monstres, tripes, hémoglobines, tout y passe et entraine nos héros dans une lutte acharnée pour sauver notre monde.
C'est ça qui fait la force de "bêtes de somme" : le contraste dans les ambiances, les changements de rythme, les contrepieds. En même temps, il y a un certain classicisme dans la scénarisation qui n'est pas sans rappeler Lovecraft. Les thèmes, eux, rapprochent beaucoup d'Hellboy (ça ne m'étonne pas, d'ailleurs, qu'un crossover existe entre le fils de l'enfer et les toutous de Sommerhill).
Bêtes de somme, c'est 8 histoires courtes, passionnantes, troublantes et terriblement attachantes. Un vrai vent de fraicheur sur le comics d'épouvante.