On referme la seconde aventure de Théodore Poussin, "Le mangeur d'archipel", avec un sentiment d’urgence. Une silhouette dans l’encadrement d’une fenêtre semble lever le voile sur un mystère esquissé. Dans « Marie-Vérité », notre héros toujours en quête des deniers nécessaires à payer son billet retour vers la France, accepte la mission du Rajah blanc. Déchu de sa terre, il ne souhaite qu’une chose, savoir ce qu’est devenue sa fille. Morte ? Prisonnière de pirates ? A Théodore d’enquêter, armé d’un navire, d’un équipage, et d’un flegme consommé.
Graphiquement, Frank Le Gall fait des merveilles dans cet album. Quelques paysages sont bluffants dans le genre de la ligne claire et son style toujours aussi naïf s’assombrit légèrement, à l’instar de son histoire.
Niveau scénario, c’est un régal. Si les personnages récurrents ne déçoivent pas, les nouveaux arrivants sont bien campés, avec des caractères bien tranchés qui offrent des confrontations très agréables à suivre. S’il fallait trouver un défaut à cette aventure, je dirai que le toujours aussi énigmatique Novembre commence à devenir un deus ex machina scénaristique bien commode pour Frank Le Gall. Toujours là où il faut pour faire avancer l’histoire à coups de révélations qu’il sort d’on ne sait où, sans la moindre explication… A ce stade de la lecture du cycle, il me manque peut être un élément capital concernant ce personnage mais tout de même.
Mais c’est finalement un reproche négligeable tant cet album est parcouru d’un souffle tragique, romanesque, qui sied parfaitement à cette intrigue riche et tortueuse.