Mars (Perfect Edition), tome 3 par Ladythat

Rei tire un trait sur les amis qu’il avait au collège et les enjoint à ne pas vivre dans le passé. Mais il reste hanté par le souvenirs de son frère et doit faire le point sur sa relation avec Kira qui, de son côté, est prête à accepter une simple amitié si tant est que Rei garde le sourire. Cependant, les deux adolescents trouvent la force d’affronter les difficultés et d’avancer en se soutenant mutuellement, c’est dans la chaleur de l’autre qu’ils se sentent le plus en sécurité et entretiennent le désir de protéger l’autre.

Devant lui, je peux sangloter en toute sécurité. Mais Rei… Quand pleure-t-il ? Où est-ce qu’il se sent assez en sécurité pour pleurer ?

Un nouvel élève vient confronter leur couple à la noirceur de Rei et à la profondeur de la distorsion qui l’habite. Makio Kirishima semble fragile et sensible au premier abord, mais Rei saisit immédiatement la solidité des nerfs du jeune homme et la force qui émane de lui. On découvre bientôt que Makio a longtemps été victime d’un camarade d’enfance qu’il a fini par tuer dans une affaire conclue comme étant de la légitime défense. Alors que Kira se rapproche du jeune homme, Rei la met en garde face au danger que représente Makio. Mais ce dernier, cherchant à pousser Rei dans ses retranchements les plus sordides, est bien décidé à utiliser Kira pour atteindre celui qui le fascine.

Ce troisième tome est l’occasion pour Fuyumi Soryo d’aborder plus en profondeur les nuances qui caractérisent la personnalité de Rei. Comme le disait Kira dès leur rencontre, elle perçoit de la noirceur en lui tout autant que de la lumière, et alors qu’elle se sent attirée par sa lumière et la chaleur que Rei dégage, Makio vient lui chercher sa noirceur. Il voit d’ailleurs dans le tableau qu’a peint Kira et qu’elle a intitulé « MARS », une allégorie au dieu grecque de la guerre, cruel et rusé, alors que Kira cherchait justement à exprimer la personnalité du jeune homme au travers de la double fonction du dieu, également gardien des cultures.

Une double fonction qui s’exprime très clairement au travers de Rei. D’abord protecteur de son frère, il reprend ce rôle auprès de Kira. En parallèle, il a tendance à avoir trop facilement recours à la violence et se confronte régulièrement au danger ne serait-ce qu’au travers de sa passion pour les courses de moto, mais aussi dans son mode de vie en général. Mais cette ambivalence s’exprime dans toute les facettes de sa personnalité, c’est ce qui le rend humain et attachant. Il lutte contre lui-même car il a conscience de la distorsion qui l’anime mais ne souhaite pas pour autant éteindre toute étincelle de vie qui brûle en lui.

Moi, je sais qu’il y a surtout de la gentillesse et de la chaleur en toi.

A l’inverse, Makio nourrit et entretien sa part sombre, il est dénué d’empathie et de chaleur. Les violences qu’il a subi et l’incapacité qu’il avait à s’en protéger l’ont contraint à bâtir une barrière de protection autour de lui qui trouve sa force dans les émotions négatives et se nourrit de son dégoût de l’être humain. Contrairement à Rei qui, malgré une famille dysfonctionnelle, a su s’entourer de personnes qui veillent sur lui, Makio est complètement seul. Cela amène une réflexion pertinente sur l’importance de s’entourer d’amis, de sa famille, de personnes capables de nous protéger, mais aussi de personnes qui nous poussent à affronter les difficultés plutôt qu’à les laisser nous submerger.

Ce ne sont ni la beauté ni la gentillesse qui font palpiter le cœur des gens. Elles les émeuvent, certes, mais ces émotions ne perdurent que peu de temps. En revanche, la colère et la tristesse sont différentes. Elles laissent comme des traces d’ongle indélébiles. Même si ces blessures parviennent à guérir, on ne peut en oublier complètement la douleur.

Ce troisième tome nous entraine un peu plus loin dans la compréhension de son héros masculin tout en interrogeant toujours plus sa relation à Kira. L’auteure ne les ménage pas en invitant des personnages secondaires qui viennent toujours un peu plus les confronter à leur passé et à leur douleur propre tout en questionnant leur rapport aux autres et la capacité de l’être humain à survivre à l’hostilité du monde.

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le 26 janv. 2024

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