Genèse de l’attaque au gaz sarin du métro de Tokyo en 1995,
Matsumoto s’attache à conter la préparation de l’attentat du côté de la secte Aum Shinrikyo, et notamment la répétition test de Matsumoto, un an plus tôt. L’ensemble se veut un hommage, un rappel, l’intention est bonne, la réalisation l’est nettement moins.
Dès l’arrivée insolite et inquiétante d’un col blanc japonais au cœur de l’outback australien, le dessin est moyen : appliqué, il parait pourtant peu soigné. Et l’idée graphique utilisée pour illustrer l’« heureux présage » du tremblement de terre est indigeste, trop évidente et et aussi laide que les mauvais desseins du personnage.
La seconde séquence est plus réussie : un jeune musicien rejoint la secte. C’est une des trop rares réussites, dans l’ambiance, avec l’image omniprésente du leader sur tous les murs du site, une des trop rares séquences où les portraits sont appréciables. Et c’est heureux qu’elle soit là car elle enclenche réellement le récit et attise, autant que possible, l’intérêt du lecteur.
Le reste, c’est le développement du gaz sarin, la mise en place de la machination orchestrée par le gourou Shoko Asahara, de son vrai nom Chizuo Matsumoto, dans le but de renverser le gouvernement japonais, et le choix des victimes du premier attentat test avant de menacer Tokyo à plus grande échelle. Le récit de Laurent-Frédéric Bollée est linéaire, sans suspense. Sans poésie, sans question. Livré comme une vérité sans revers.
Intéressant historiquement mais philosophiquement et intellectuellement pauvre.
Loin d’Underground, le chef-d’œuvre documentaire d’Haruki Murakami sur le même sujet.
Le dessin de Philippe Nicloux n’a que très peu de charme : le trait semble maniéré mais reste tout au long de l’ouvrage dénué de finition, dénué de magie ou de réalisme, bref, dénué de caractère.
Le lecteur prend plaisir lors de deux courtes séquences seulement, réussies, soudain surprenantes : l’introduction dans le récit de deux futures victimes de l’attentat test, un quincailler oisif et photographe amateur, ainsi qu’un jeune dj, sympathiques portraits sur trois ou quatre pages. Les seules où le dessin nous offre un peu de voyage nippon…
Bientôt, l’attentat test de Matsumoto coupe le récit pour ouvrir, sans la développer, une enquête bâclée où n’apparait que l’aveuglement policier sur un coupable isolé, idéal pour ne pas céder à la panique face à l’ignorance, et dans le même temps poursuivre en survol le plan de Matsumoto et de la secte Aum avant de clore le récit, boucle bouclée cliché, sur l’attentat du métro de Tokyo.
Ça sent le gaz : un ouvrage dispensable.