Quand Mauvais sang est sorti en France, j'avais des doutes sur ce titre, que je ne connaissais pas et ne fait pas partie de ceux séminaux, et qui est pourtant le premier, je crois, qu'Urban comics a choisi d'éditer en France.
Le parcours d'Hellblazer en France est un peu hasardeux, il y a 10 ans, il n'existait que 3 tomes parus par Toth, un petit éditeur, qui correspondaient aux numéros 146 à 163 des comics US, puis des années après Panini a commencé à publier un one-shot, puis les albums du run de Mike Carey et deux albums présentant les débuts du personnage.
Bref, ça a toujours été dans le désordre !
Sûrement conscient de ça, quand Urban a sorti cette histoire à part, ils l'ont accompagnée d'un texte introductif qui présente le personnage et un peu tous ses runs importants.
(par contre, pourquoi avoir encore voulu nous embrouiller avec ce titre, alors qu'il existe également une mini-série d'Hellblazer nommée "Bad blood" ?)
Le pitch de Mauvais sang est pas mal il faut dire : après avoir combattu tant de démons, et juste après s’en être pris à des racailles qui le menaçaient, John Constantine se fait renverser par un 4x4. Il se retrouve à l’hôpital où on lui fait une transfusion, mais on remarque une anomalie dans son sang, puisque dans une de ses toutes premières aventures, John s’était vu obtenir le sang d’un démon.
Je m’attendais à ce qu’il y ait une phase d’incompréhension, mais pas du tout, on tombe direct sur deux médecins qui savent qu’il s’agit de sang hybride humain/démon, et veulent s’en servir. Pour quoi exactement ? Ce n’est pas bien clair pendant un temps, mais il semblerait qu’ils veulent se faire une armée de monstres pour prendre d’assaut une ville et ainsi se faire remarquer par les enfers. On n’en sait pas plus que ça ; peut-être attendent-ils la reconnaissance de Satan ?
Les deux médecins font donc des expériences en injectant des doses différentes de sang à des patients, qui commettent alors des atrocités malgré eux.
Mauvais sang est le seul Hellblazer à ce jour écrit par Si Spencer, et alors que jusque là, malgré les changements de scénaristes, je retrouvais toujours en John le même caractère, le même cynisme bien dosé, cette fois l’auteur est à côté de la plaque.
Les vannes de John tombent à l’eau, elles font forcé. On dirait que Spencer veut le faire parler uniquement par des punchlines, comme s’il s’agissait d’un personnage de film d’action… sauf que là, les répliques ne sont jamais ni drôles, ni futées.
Il y a une scène où John tire une fille par le pantalon pour la plaquer au sol lors d’une fusillade, et une fois que tout le monde est mort, il lui sort "pas mal le string". Mais… quoi ? C’est pas John ça, on dirait une réplique de simple pervers ; de plus, certes le personnage est blasé, mais ce n’est pas un psychopathe complètement insensible non plus, et qu’il soit aussi détaché suite à la mort de 4 innocents, ça ne lui correspond pas du tout… et est même incohérent à ce qu’on nous montre avant ou après dans le récit, quand John est ému par une petite fille ou laisse la vie sauve à des humains contaminés par son sang.
Même de manière générale, je trouve les dialogues mal écrits, les personnages sortent des propos pas bien cohérents, c’est très brouillon.
Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas claires, et quand le récit n'est pas brouillon, il est paresseux. John fuit les médecins à ses trousses, et il tombe comme par hasard dans le jardin d'une des filles qui a reçu son sang. C'est même elle qui le fait venir chez elle, car elle croit qu'il est là pour sortir ses poubelles (???).
Et une fois l’histoire finie, j’ai eu l’impression que toute cette histoire était très creuse, bâclée à la va-vite.
Le seul élément plutôt sympa, c'est le dessin, au style très particulier. Les traits sont bruts, mais il y a une colorisation qui fait pop-art. Il y a un esprit punk qui se dégage de ces planches, et d'ailleurs le héros a beau être un peu dégarni, il a un look plus jeune que d'habitude, et plus punk justement.
Mauvais sang est le premier mauvais Hellblazer que je lis. Et j’ai jusque là lu presque tous les albums édités en France.
Donc, euh… je vous conseille de lire n’importe quelle autre de ces publications plutôt que Mauvais sang.
(sauf Pandemonium, le second tome publié par Urban ; je veux pas m’acharner sur eux, mais il est apparemment encore moins bon)