La fin de l’innocence…

Meadowlark est un roman graphique assez sombre qui va nous raconter un tournant de l’existence d’un jeune homme qui va devoir passer de l’adolescence à l’âge adulte en quelques instants. Graphiquement très réussi, l’histoire quant à elle est assez classique et pêche un peu par son manque d’originalité.

Cooper est un ado rebelle qui vit mal la séparation de ses parents et enchaine les « bêtises » plus ou moins grosses, jusqu’à se faire renvoyer une fois de plus de son école. Son père, ancien boxeur reconverti en gardien de prison n’est pas très présent pour son fils et lorsque le jeune homme dépasse une fois de plus les limites, le paternel doit le prendre en charge et décide de l’emmener avec lui sur son lieu de travail, la prison du coin… C’était le jour idéal pour une journée « découvre mon job » car une émeute éclate dans la prison et des détenus s’évadent. S’en suit une course poursuite entre les détenus, le gardien et son fils.

Le roman a été scénarisé par l’acteur Ethan Hawke qui prête également ses traits à notre gardien de prison. Bien que l’histoire ne soit pas mauvaise, ne s’improvise pas scénariste qui veut. J’ai trouvé par moment que certaines scènes ou certaines informations sont assez confuses et il faut revenir deux ou trois fois en arrière pour remettre les choses dans l’ordre et bien comprendre ce qu’il se passe (ou vérifier qu’on a bien compris, car ça peut manquer de cohérence). Pas de grande surprise ou originalité non plus, on reste sur un scénario policier très standard et à aucun moment on est surpris par ce qu’il se passe. Rien d’exceptionnel non plus d’un point de vue des dialogues, on va avoir quelques répliques qui fusent entre les protagonistes, mais ça reste assez plat et classique. L’œuvre n’est pour autant pas déplaisante à lire, d’autant que graphiquement c’est très bien réalisé.

Le trait de Greg Ruth se prête parfaitement à ce type d’ambiance, c’est sombre, ciselé et mordant. Les personnages ont des « gueules » et beaucoup de charisme, de présence. Son découpage est très dynamique et certaines scènes pourraient être un story board de film, on ressent l’action dans les cases. Le noir et blanc de l’album rajoute une couche à la dureté du sujet, sans concession et sans pitié, c’est brut et ça marche bien. Il met du détail dans ses planches ce qui permet de sentir la matière, de voir l’histoire se former et presque bouger sous les yeux du lecteur. Son coup de crayon donne vraiment vie à l’histoire et c’est le point très positif de cette œuvre.

Ce roman est donc une belle œuvre graphique sous fond de polar très classique et sans surprise. Si vous ne cherchez pas l’originalité, n’hésitez pas à le lire pour vous régaler des images, pour ceux qui mette l’histoire avant tout, passez votre chemin, vous allez vous ennuyer.