Raaaahhhh !!
Irritation et frustration m'envahissent à la fermeture de cet album. J'ai le sentiment que Rui Lacas avait toutes les ressources et le potentiel pour nous pondre une œuvre formidable. Entre autres, un joli coup de pinceau et un excellent sujet de fond. Mais voilà, l'approche et le traitement narratif sont, à mon goût, réellement trop légers et superficiels. C'est d'autant plus rédhibitoire que le thème traité est intense et sacrément délicat.
Alors, qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ?
Les caractères des personnages. À peine fouillés, trop convenus, voire trop manichéens. La gentille maman dévouée et protectrice, la candide petite fille obéissante et bonne élève, le méchant patron impitoyable, l'employé vicieux et primaire. Même les personnages secondaires (même l'âne !) sont triviaux, caricaturaux.
Le graphisme. C'est sûr, il est vraiment « chouette » ! Rond, doux, optimiste et dégageant une grande jovialité. Malheureusement, il créé un décalage irrémédiable avec un propos si grave (je ne révèle rien pour limiter le gâchis). Cette ligne, je l'ai également ressentie par trop « envahissante ». Des tronches énormes, des décors souvent en gros plan donnent l'impression qu'ils vont sortir des vignettes. Comme si les pages avaient été zoomées. Un effet qui renforce une certaine idée de vide, n'enrichit pas les expressions et, plus gênant, laisse transparaître quelques défauts.
À part le final, présentant un peu d'originalité, une linéarité dans la narration rend l'histoire assez prévisible. Conjuguée avec mes réticences, on aboutit à une lecture expresse, sans réelle empathie et en fin de compte fade et sans émotion.
L'ambition était-elle de créer un contraste, un électrochoc entre matière et forme ? ...bof ! Je trouve le format grand et inadapté. Je préférerais un récit concentré sur beaucoup moins de pages et une taille plus petite, visant un résultat dense et percutant. Dans le cas contraire, le fond mérite un développement davantage fouillé, précis et l'illustration gagnerait à moins de détachement et plus de nuances. Pour une meilleure harmonie. Enfin, ce n'est que mon point de vue...
Non, merci patron, pas pour moi !