Hainaut, canards et baby-foot
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le 14 févr. 2024
« Merel » est la première œuvre d’une jeune autrice belge, Clara Lodewick, laquelle inaugure également la nouvelle collection « Les Ondes Marcinelle » des Editions Dupuis. L’histoire se déroule donc dans un petit village à l’écart des grandes villes, et se centre sur le quotidien de Merel, qui va être confrontée à l’hostilité d’une partie des habitants. Dans tout village, la vie est généralement paisible, mais la contrepartie est que tout se sait, et que le qu’en-dira-t-on peut faire des dégâts pour celle ou celui qui en est la victime. Ici, c’est notre éleveuse de canard qui va en faire les frais dans ce récit simple et criant de vérité.
Pour Suzie, dont le couple bat de l’aile, le prétexte est tout trouvé. Merel, célibataire trop épanouie à son goût, servira d’exutoire à son mal-être, à cette impression que son mari se détourne d’elle depuis quelques temps. Trop heureuse de confier ses états d’âme à qui veut bien les entendre, y compris son fils Finn, l’épouse déconfite n’hésitera pas à qualifier Merel de « femme méchante ». Le « téléphone arabe » aidant, cette dernière deviendra vite la « sorcière » du village, celle de qui, par le biais de jeux d’enfants cruels, on crucifiera un canard sur la porte d’entrée. Le jeune Finn, se sentant responsable d’une situation qu’il n’aurait pas souhaité, mais qu’il a alimenté en répercutant à ses copains les propos de sa mère de façon innocente, va alors chercher à faire amende honorable auprès de Merel. Celle-ci, bien que profondément affectée, sera légitimement gagnée par la colère et prête à se défendre, mais ne cherchera jamais à se venger de qui que ce soit.
Avec beaucoup de justesse, Clara Lodewick nous livre ici un récit touchant et généreux dans lequel, après que la mesquinerie et la méchanceté des uns se soient donnés en spectacle sur le petit théâtre de la comédie humaine, succède le temps des regrets et du pardon. La nature humaine est parfois cruelle mais elle sait aussi être altruiste. C’est ce que semble vouloir nous démontrer son autrice, en toute simplicité, et ce n’est peut-être pas par hasard si l’histoire se situe dans un contexte rural, là où les rapports humains apparaissent plus authentiques que dans les centres urbains. Le dessin sans esbroufe et un peu fragile sert parfaitement le récit et en restitue agréablement l’atmosphère champêtre, non sans évoquer l’univers des livres de Posy Simmonds.
« Merel », c’est une belle histoire de rédemption, qui nous dit que les conflits humains peuvent toujours se désamorcer, si tant est qu’on y fasse intervenir un brin d’intelligence et de sagesse, sans mettre le doigt dans l’engrenage de la vengeance, qui ne soulage que sur le moment. Des valeurs qui nous font grandir au lieu de nous rabaisser à notre pathétique condition. Clara Lodewick est une autrice que l’on suivra avec attention.
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le 18 mai 2023
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