Miss Marvel ! Voilà un titre que j’attendais avec la plus grande impatience lors de son annonce. Carol Danvers est un personnage que j’adore énormément, ma déception lorsque j’ai compris son absence du titre fut d’autant plus grande. Puis l’impatience a laissé place à pas mal de doutes. La presse et Marvel appuyant tellement sur le fait que le personnage principal Kamala Khan soit de confession musulmane m’a fait peur. Peur que j’avais peur que les auteurs ne tapent à côté du sujet, n’en fassent trop pour éviter de blesser une religion. Peur que l’histoire ne soit desservie par cet élément, qui n’est que cela au final, un élément de la personnalité de Kamala Khan.
Kamala Khan, une jeune fille de confession musulmane, se découvre du jour au lendemain d’extraordinaires pouvoirs. Grande admiratrice de Carol Danvers, cette adolescente va s’apercevoir qu’être une super-héroïne s’avère plus difficile qu’il n’y paraît…
Découvrez dans cet album la nouvelle série Ms. Marvel, signée G. Willow Wilson (Alif l‘invisible) et Adrian Alphona (Les Fugitifs, Uncanny X-Force). Un récit extrait du one-shot All-New Marvel Now ! Point One complète le programme.
(Contient les épisodes # 1 à 5 et un extrait d’All-New Marvel Now ! Point One 1)
Le premier chapitre nous permet rapidement de faire connaissance avec ce nouveau personnage, Kamala Khan, avec sa famille et ses amis. Et l’on comprend bien vite que Kamala est peut-être de confession musulmane mais elle n’est pas pratiquante, et ne suit les préceptes que pour être raccord avec sa famille. Ses parents, d’origines pakistanaises, essaient de l’éduquer le mieux possible, de la protéger, comme le feraient tous parents. La religion est pressante, comme dans n’importe quelle famille croyante, et cela peu importe la religion. Mais Kamala semble un peu agacé par les interdits que lui imposent la religion et ses parents (nourriture, relation avec les garçons, mariage arrangé…). La mère Aisha Khan s’emporte rapidement et regrette son installation aux Etats-Unis, tandis que le père Yusuf, banquier, est plus calme et bienveillant, et se fait une spécialité d’envoyé un violent scud à sa fille quand celle-ci croit être sortie des ennuis.
A ce tableau, nous pouvons rajouter un grand-frère, Aamir, chômeur pour respecter les préceptes, très croyants (avec tendance à en jouer, à en profiter en prenant tout au pied de la lettre), Bruno, un camarade de classe, pas indifférent à Kamala, qui travaille dans un magasin pour payer ses études et enfin, Nakia, sa meilleure amie turque, portant le voile en désaccord avec son père.
Kamala est Américaine dans l’âme, au grand désarroi de ses parents. Elle n’a connu que Jersey City, elle rêve d’un petit copain, de manger du bacon, de sortir le soir et aime s’évader dans ses fan-fiction mêlant Avengers et Petits Poney, avec son idole en premier plan Miss Marvel. Elle idéalise tout chez l’héroïne, ses tenues sexy, ses formes « ce qu’il faut, là où il faut », sa chevelure blonde, bref tout ce qui fait que Carol Danvers est Carol Danvers.
La série est très ancrée dans la réalité, la famille de Kamala pourrait très bien être vos voisins de dessus, ceux de la maison d’à côté, ils pourraient très bien être vous ! Et ce réalisme est formidablement bien rendu par le travail d’Adrian Alphona. Mais attention, c’est un style assez particulier, il faut adhérer à sa patte. Les personnages sont crédibles et d’une grande richesse de profondeur et détails propres à chacun. Les décors sont réalistes, la maison de Kamala fait cosy, chaleureuse. Et l’on sent que l’artiste a voulu rendre honneur au monde musulman, au même niveau que la scénariste qui montre qu’elle connaît très bien cette religion. Elle-même converti à l’Islam.
Mais si l’univers, l’ambiance de ce récit est très réaliste, les dessins d’Alphona ne le sont pas forcément. C’est même plutôt le contraire, il y une sorte de nonchalance dans son trait, anatomiquement cela part un peu dans tous les sens, les défauts physiques sont presque pointés du doigt. Mais au final ce mélange donne beaucoup de charme au titre.
Comme tous les adolescents de son âge, Kamala est en pleine rébellion contre l’autorité parentale. Et alors qu’elle fait le mur, ce qu’elle ne fait jamais, elle ce se retrouver au cœur du nuage de brume tératogène provoqué par la bombe de Flèche Noire. Elle sortira quelques temps plus tard, d’un cocon, dans le corps et le costume de Miss Marvel ! Mais ce n’est pas la nouvelle Miss Marvel, mais une nouvelle Miss Marvel. Kamala n’a pas les pouvoirs de Carol Danvers, elle peut changer de visage et de corps, moduler la taille de son, ou une partie de son corps. Elle découvre alors un monde fascinant, celui des supers-héros, et une activité qui l’a comble de joie, sauver des vies. Mais elle se rend également compte que la vie d’une super-héroïne n’est pas tout rose, et que les costumes ne sont pas forcement confortables !
A travers Kamala Khan, G. Willow Wilson aborde le fameux crédo pouvoirs et responsabilités. D’un fardeau très lourd, qui tombe d’un coup sur les épaules fragiles d’une adolescente. On ne peut que penser de suite à Peter Parker et sa morsure d’araignée. Mais le contexte est différent, Kamala est différente, l’époque est différente, et la petite touche de la religion est différente. La scénariste aborde cela avec beaucoup de talent, de la finesse et de l’humour. Les dialogues sont excellents et savoureux. Peter Parker prenait l’aspect responsabilité plus par obligation, Kamala c’est tout l’inverse c’est par altruisme et plaisir.
Bref, je ne suis pas spécialement fan de tout ces nouveaux héros adolescents. Nova en tête de file, mais on peut également citer le nouvel Power Man. De véritables têtes à claques se comportant comme des attardés. Et bien, alors que j’avais la même appréhension pour cette Kamala Khan, j’ai été sous le charme dès les premières pages. Une histoire vraiment intéressante, une narration pleine de talents, de très bons dialogues, un personnage ancré dans la réalité, de bonnes réflexions, un monde musulman bien maitrisé et traité par G. Willow Wilson. Un véritable coup de cœur que ce titre.
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