Metropolis par Ninesisters
Un des plus vieux manga recourant au « story manga », et probablement le plus vieux manga publié en France après Lost World, il appartient à la fameuse trilogie SF de Osamu Tezuka, comprenant justement Lost World ainsi que Next World. S’il s’agit du titre le plus connu des trois, cela vient de l’adaptation animée tardive qu’en ont fait deux des nombreux adeptes du maître, tandis que ce-dernier n’avait jamais souhaité l’adapter ; à la différence de Next World, dont il existe même un doublage français. Néanmoins, ceux qui auront envie de lire le manga sur la base du film doivent s’attendre à une œuvre bien différente ; le long-métrage d’animation donne une vision de cette histoire comme si le mangaka l’avait écrite plus tard, alors qu’il aurait atteint une certaine maturité en tant qu’artiste, et surtout s’il avait vu le film de Fritz Lang dont il s’inspire, mais dont il ne connaissait à l’époque que quelques images et un nom.
Tout cela pour dire que non seulement ce manga est vieux, mais qu’en plus son auteur n’en était qu’à ses balbutiements ; il est intéressant de noter une forte évolution de son style, aussi bien graphique que narratif, rien qu’en avançant dans sa trilogie SF – qui s’étend de 1948 à 1951, et dont il s’agit de la seconde histoire – mais tout cela reste encore fort naïf, avec une trame décousue, des références à Walt Disney grossières pour ne pas dire superflues, nous sentons bien le coup de crayon du futur père de Tetsuwan Atom mais il conviendrait de classer Metropolis comme une œuvre de jeunesse, terme dont le côté péjoratif s’applique hélas! assez bien dans le cas présent.
Metropolis possède quelques bons moments, et nous pouvons sentir qu’un futur « grand » auteur se cache derrière tout cela. Le film de Rintaro et Otomo nous donne une vision de cette histoire tel que Osamu Tezuka aurait pu l’écrire s’il avait eu plus de bouteille. Seulement, nous ne parlons pas ici du film, mais bien du manga, lequel nous semblera aujourd’hui bien désuet, et ne comblera véritablement que les inconditionnels de Osamu Tezuka, les historiens du manga, et quelques curieux désireux de s’offrir un voyage dans le temps.