Le duo espagnol Salva Rubio et Sagar nous entraine dans leurs boites de jazz, de New-York à Paris, sur les traces des amours de Miles Davis et Juliette Gréco.
Nous sommes en 1949. À seulement 23 ans, Miles Davis est une star en puissance. Il a joué avec les plus grands, s’est disputé avec Charlie Parker et a refusé d’intégrer le groupe de Duke Ellington pour former son propre ensemble. Il pressent que le jazz de ses idoles, le bebop, est élitiste et indansable. Le public aspire à autre chose. Miles est à la recherche de son propre « son », quand il est invité pour un festival à Paris. Il découvre le paradis du jazz. Une ville où un Noir possède les mêmes droits qu’un Blanc. Une ville où un Noir peut être sacré roi de Saint-Germain-des-Prés. Le Paris littéraire et artistique se l’arrache. Il côtoie Boris Vian, Jean Paul Sartre, Picasso et la troublante Juliette Gréco. Les deux artistes vont vivre une passion aussi intense qu’éphémère. Il promet de rester, elle s’engage à le suivre, il se sépareront. Il sombrera dans la drogue et la dépression... avant de retrouver son « son ».
Les biographes affirment qu’ils ne se perdront jamais de vue, ils ne savent rien de plus. Salva Rubio aime le jazz et les histoires d’amour. Peut-être veut-il en dire un peu trop... Les guest-stars se bousculent dans les petites cases. En romancier, il raconte l’indicible. Par licence poétique, il facilite notre lecture en offrant le don des langues à Miles. Il ne parlait pas français, elle ne parlait pas anglais, Juliette évoquera un « miracle de l’amour ».
Le dessin de Sagar est beau et inventif. Ses nuits sont brillantes et festives. Il associe des couleurs chaudes et sombres, des silhouettes expressives jouant avec les contours, les perspectives, les lignes de fuite et les cadres. Ses personnages courent, dansent et s’enlacent passionnément. Hélas pour les cœurs sensibles, ces purs artistes préfèreront leur art à la passion amoureuse.