Avec ses petites touches, son graphisme minimaliste, One arrive à une véritable explosion de thèmes, de sentiments, de sensations.
Tout d'abord, c'est l'histoire d'un ado. Il veut vivre sa vie, il est amoureux, il n'arrive pas à exprimer ses sentiments et il est ostracisé parce qu'il est différent. Le manga pourrait déjà se tenir rien qu'avec ça. Mais en plus, il y a ces pourcentages, symboles de l'énervement du héros, de ce qu'il peut supporter psychologiquement. A 100 %, il explose. Et ça, à mes yeux, c'est du génie. C'est une façon de dire : "non, les ados ne font pas une crise d'adolescence, ils sont simplement des êtres humains ne peuvent pas subir éternellement, qui ont des sentiments, et il y a un moment où ça doit exploser". Et ça franchement, je ne connais pas beaucoup de manga capable de le dire de manière aussi forte. C'est aussi l'histoire d'un ado naïf, confronté à un monde qui le dépasse un peu, où il ne trouve pas sa place, avec un petit frère qui semble très protecteur. Un ado qui tire encore plus vers l'enfance que l'adolescence actuellement. Et je trouve ça génial qu'à une époque où on parle beaucoup "d'adulescent", avec un certain nombre de mangas qui évoquent plutôt cette période de fin d'adolescence, on ai le droit à un héros qui semble tout juste sortir de l'enfance.
Ensuite, c'est une histoire avec des pouvoirs psychiques et un côté très légèrement malsain. Ce dessin minimaliste me met personnellement extrêmement mal à l'aise même quand il ne se passe rien. Mais avec Smile, il devient clair qu'il y a un côté légèrement malsain totalement assumé. Les pouvoirs psychiques et sa capacité à voir les fantômes restent dans ce registre du fantastique, avec un surnaturel qui a quelque chose de légèrement horrifique, voir même tout à fait dérangeant. Certains vous diront que Mob Psycho 100, c'est plus ou moins la même chose que One Punch Man. Pour moi, c'est ces deux premiers aspects qui font qu'on est non seulement très éloigné de One Punch Man, mais en plus qu'il ne s'agira pas du même public. Car si One Punch Man était assez grand public, ce côté un peu dérangeant devrait faire fuir les amateurs de shonen populaires lisant un manga tous les dimanches par jour de pluie. Et là où ça devient génial, c'est que pourtant il y a tous les codes du nekketsu, en commençant par le héros naïf, plein de potentiel et qui pourrait devenir tout. Sauf que très vite, ça déconne sévère, en grande partie à cause de cet aspect un peu dérangeant. Et puis également fait que Mob n'ai pas de réel but, comme "devenir le plus grand hunter du monde et retrouver mon père" ou "trouver le one piece". De plus, sa puissance n'est pas à gagné, elle est déjà là. C'est comme s'il avait tout, mais que le problème essentiel, c'est qu'il ne veut rien, à part être un ado normal.
Mob Psycho, c'est aussi le laboratoire de One. Un terrain d'expérimentation où il a fait un peu ce qu'il a voulu, comme il a voulu, tout en s'occupant de One Punch Man. Et honnêtement, cela se voit un peu, notamment du côté de l'humour. J'ai vu des critiques reprocher la blague du menton en forme de cul, car elle était déjà apparue dans One Punch Man, mais je soupçonne le fait que cette fameuse blague ai été publiée d'abord dans Mob Psycho et après seulement dans One Punch Man. Ce héros désinvolte, il a un petit quelque chose de Saitama... Il n'empêche que l'humour de Mob Psycho garde sa propre personnalité grâce à Reigen. A mes yeux, tous les ressors humoristiques autour de cet escroc qui sait absolument tout faire, là on est dans de la nouveauté et pourtant, la patte de One est juste absolument évidente. Et franchement, ça, c'est top.
Un petit mot final pour dire que c'est publié par Kurokawa, maison d'édition de qualité qui fait un travail de qualité avec une impression de qualité. Et ça, franchement, ça fait plaisir.