Contrairement à One-Punch-Man devenue référence auprès du public amateur de mangas et pseudo-geek aka pseudo-cinéphiles, le nouveau visage pédant de l'esprit critique aussi minimaliste que le dessin du mangaka "One", ce dessin est celui qui illustre ce manga. Et si on est loin d'un Harold Sakuishi ou d'un Takeshi Obata, on se rapproche un peu de Leiji Matsumoto pour ses formes grotesques mais attachantes. Minimaliste, oui, mais certainement pas dénué de technique dans ses plans et dans l'attirance de l’œil vers un point. Une technique fine dans le dessin qui gagne d'autant plus dans sa représentation à pousser l'imagerie délirante accentuant l'aspect humoristique du manga.
Aucun détail veut-il dire aucune force dans le résultat de ces planches ? J'ai commencé la lecture, et ce n'est qu'au bout de la moitié que j'ai remarqué l'absence régulière de décor. Le mangaka connaît ses défauts et réussit à les combler. Malgré tout, si sa technique est bonne, et qu'il réussit à compenser ses défauts en ce qui concerne la partie artistique, on ne peut pas dire qu'un lecteur lambda sera éblouit par la partie graphique. La force première de Mob Psycho 100 réside dans son histoire. C'est de là qu'il tient toute son originalité.
Exit le schéma et baratin habituel du célèbre :
- Tu es l'élu !
- Mais je n'ai que 12 ans et demi !
- Il faut que tu ailles couper en deux ou trois morceaux le démon lvl 101 !
- Mais je ne sais pas manier une épée !
- Ferme ta gueule ! Tu apprendras sur la route.
One a pu retourner le schéma avec One-Punch-Man, mais souffre d'un ton bien trop sérieux, alors qu'il s'agissait d'une réelle parodie. Mob est sur ce point bien plus intéressant. Aucun schéma, si ce n'est celui de bien présenter le contexte, la situation du personnage. Un personnage qui, aussi étrange puisse-t-il être, est présenté de manière très fluide, à un rythme parfait. Aucun personnage ne passe pour un cliché, à moins d'être détourné. Aucun effet de lourdeur n'est présent dans l'humour, qui peut-être remarqué dès les premières pages par la tentative d'exorcisme du maître.
Le même lecteur moyen exprimera un grand mécontentement arrivé à la moitié du volume. Ce premier tome comporte peu d'action. Mob n'aime pas se battre. Il souhaite vivre sa vie et comprendre son ressenti, ses émotions. Et c'est ce qui fait toute son humanité derrière cet aspect d'androïde statique. Peu d'action, mais des scènes d'affrontements délirantes. Cette vigueur qu'on retrouve dans les mangas, ces célèbres scènes où le héros est poussé à bout qui est en quelque sorte ce que recherchent les lecteurs de Shônen, est bien présente. Elle est non seulement présente, mais justifiée et ne s'excuse pas derrière une morale stupide ou la naïveté extrême du héros. Et pourtant, Mob est bien naïf.
Si on se retrouve, ici, sur SensCritique, avec pour le moment un idiot réussissant à mettre la note de 1 à ce volume, ou il n'a pas lu ce manga et s'est cantonné à l'aspect graphique ou il est tout simplement incapable de comprendre un manga perturbant le schéma classique de ses lectures habituelles. C'est donc certainement à cause d'une critique des plus simplistes qu'une critique comparative dont souffrira certainement Mob Psycho 100, la faute à un prédécesseur correspondant certainement au large public réclamant une subsistance similaire à celle avec laquelle on le gave depuis toujours. Sortez donc de vos barrières, et donnez une chance à un manga qui sait se démarquer.