Des dragons cannibales, des attentats, une conspiration et … du voyeurisme.


Si les faits de Mon fils le tueur se déroulent environ dix ans après ceux de La nuit du tombeur (DM5), ces deux albums sont intimement liés et pourraient presque former un diptyque qu’on pourrait appeler « le diptyque de la conspiration des magiciens » (j’aime bien la façon dont résonne cette formule !). Le tour de force de Sfar et Trondheim aura été de nous proposer un récit avec à peu près les mêmes protagonistes que dans La nuit du tombeur, mais ayant subi une évolution que l’on n’attendait pas forcément – et donc de nous surprendre encore ! Ma préférée concerne le personnage de Hyacinthe, qui d’étudiant naïf et empoté et d’apprenti justicier est devenu à la fois un comte cynique, riche et désabusé et le meneur de la guilde des assassins. Une évolution radicale qui le rapproche de plus en plus du futur Gardien du Donjon qu’il sera à Donjon Zénith. Si l’on ajoute la présence de Horous, du professeur Chambon, d’Elise (devenue comtesse très snob à la mentalité petit bourgeois !) et la première apparition chronologique du tout jeune Marvin, on est servi question casting !


D’autant que le scénario de ce Donjon Monsters ne souffre d’aucun défaut et est haletant de bout en bout. L’ambiance polar noir qui s’en dégage sied très bien à l’univers de Donjon Potron-Minet et la lecture est très prenante, grâce à une intrigue faite de complots, d’enquêtes, de filatures, de grosses bagarres … Donjon Potron-Minet, qui avait démarré par des aventures assez légères du jeune Hyacinthe avec les premiers albums dessinés par Blain, s’assombrit petit à petit avec des histoires de plus en plus lourdes, où l’héroïsme et le panache ont de moins en moins leur place. Un changement de ton qu’illustre parfaitement Mon fils le tueur et qui personnellement me ravit et me fait davantage apprécier cette période, qui ne m’avait pas tellement convaincu à ses débuts.


Grand nom de la BD alternative, Blutch impose avec brio sa patte sur l’univers de Donjon. Son trait particulier, très spontané, fait de nombreuses hachures et de coups de crayons nerveux, s’éloigne pourtant du style rond et bonhomme qui caractérise jusque-là la plupart des albums de la série. Le résultat, éminemment personnel, n’en est que plus intéressant. Son trait charbonneux s’accorde à merveille à ce scénario plus sombre que d’habitude, et certaines de ses vignettes sont magnifiques : la ville d’Antipolis par exemple n’a jamais paru aussi oppressante et menaçante que sous ses crayons, prenant même parfois des allures de Gotham City !


(PS : à noter que l’album a bénéficié d’une version agrandie en N&B absolument magnifique qui fait encore plus ressortir le détail des planches et le talent de Blutch).

_minot_
9
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le 21 mars 2021

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