Authentique tribut entre deux auteurs, cette bande dessinée offre la vision partiale de Pierre Alary sur le roman éponyme de Sorj Chalandon. L’ouvrage illustré s’ouvre dès lors sur les mots de l’écrivain et se clôt sur ceux du scénariste, entre lesquels une confiance absolue semble régner. Aux gestes transmutateurs assurés, l’auteur plonge le·a lecteur·rice dans une atmosphère orageuse où l’agitation révolutionnaire promet une inscription historique précise. L’histoire laisse entendre une abîme dans laquelle s’engouffrent et se répercutent quelques motifs inhérents au conflit irlandais - le combat, l’engagement patriotique, la révolution, la justice - mais effleurent également des sujets davantage prosaïques - la confiance, la fraternité, le deuil, l’amour. C’est au moyen d’un cadrage réfléchi et d’une palette chromatique diminuée que le·a lecteur·rice découvre un récit intense, exempt d’un manichéisme inopportun. Relatif à la narration, l’auteur fait le choix pondéré de proposer une narration singulière, à la temporalité double, rythmée entre des séquences illustrées et des blocs sporadiques rapportant des extraits de l’interrogatoire de Tyrone Meehan par l’IRA. In fine, cette bande dessinée divulgue un aperçu historique contestataire où la duplicité mâtine avec camaraderie, et où les personnages, quels qu’ils soient, provoquent l’empathie chez le·a lecteur·rice.