Après deux albums transitoires, sans découvertes de nouveaux mondes qui faisaient la variété de la série pour le plus grand bonheur des lecteurs, "Monde flottant" relance la machine avec un univers japonisant, très haut en couleurs. Belle réussite esthétique donc, mais qui n'est malheureusement à mon goût pas accompagné du scénario le plus renversant de la série.
Peut-être est-ce le cas parce que je ne suis pas un grand amateur de ce que j'aurais tendance à appeler des "clichés de samouraïs", rapport à l'initiation qu'entreprend Nävis au cours de cet album. Il est certes nécessaire à la trame de la série qu'elle passe par différents apprentissages, au moment de cette période de remise en question, mais j'aurais certainement préféré que ceux-ci se fassent dans un contexte moins convenu.
Peut-être ai-je également été gêné par l'impression de déjà-vu au moment d'aborder la question de la cause féministe, dans une mise en scène totalement jumelle de celle du tome 6, qui avait déjà approché le sujet en quelques pages (Nävis est conduite par le(s) mâle(s) dans un milieu cloisonné de femmes soumises, s'en suivent une ou deux pages muettes où elle participe aux activités, avant de déboucher sur une inéluctable révolte)... Mais en même temps, ce jeu de miroir entre deux albums de la série se défend par les différences, malgré tout non négligeables, entre les deux scènes. Cette fois, Nävis mûrit et est capable de retirer un enseignement de cette expérience.
Ce nouveau tome conserve donc de l'intérêt, et bien qu'il ne soit pas mon préféré, il est très loin de me dégoûter d'une série dans laquelle les auteurs continuent à faire preuve de brio et de grandes qualités dans la mise en scène. Preuve en est l'amorce de cet album, qui est une fois de plus délicieuse (mais dans quel robot se trouve donc notre Nävis?). On retrouve aussi des bonnes petites idées scénaristiques, comme avec le traducteur qui force notre héroïne à parler poliment... Et si c'est pour continuer à nous faire visiter des mondes aussi beaux et variés, je ne bouderai certainement pas mon plaisir.