Fabcaro cartonne. Impossible de passer à côté de cet auteur si on s'intéresse un minimum aux sorties des Bd françaises de ces dernières années. Il est devenu un passage obligé. Mais quel bonheur !
Qu'avons-nous ici ? Déjà un très bel objet. Je crois savoir que ce type de couverture très épurée avec tout juste le titre et un symbole, cela traînait dans la tête de Fabcaro depuis déjà un moment. La BD, posée à coté des autres sorties sorties du moment, sort vraiment du lot.
Mais qu'avons-nous à l'intérieur ? Une histoire, mais car les mots ont un sens, osons la qualifier de relativement débile. Mais attention, c'est parfaitement voulu de la part de l'auteur ! L'histoire est donc ridiculement coconne : une actrice hollywoodienne se réveille un matin avec une b*** dessinée sur la joue. Ne nous mentons pas, nous sommes sur le niveau Bigard de l'humour. Mais là où l'intérêt et tout le comique apparaissent, c'est lorsque les personnages, eux, ne considèrent absolument pas cela comme potache ou débile, mais lui accordent, bien au contraire, le plus grand sérieux ! Le sérieux que méritent les enquêtes les plus sombres des polars noirs américains. Comme le dit Alexandre Astier, l'humour, c'est du sérieux.
Nous sommes vraiment là sur l'humour absurde du type Y a-t-il un pilote dans l'avion, La cité de la peur ou encore Rrrrh. Donc si vous aimez l'humour absurde, jettez-vous sans hésiter sur cette œuvre. En plus du sens du décalage et de l'humour absurde, Fabcaro a un sens de la chute incroyable, ce qui fait qu'on ne peut pas jamais voir le gag venir. Et c'est là tout le prodige ! Car arrivé en bas de la page, combien de fois je me suis dit "mais qu'il est con" ou "mais où a-t-il trouvé ça ?"
Au niveau des dessins, si vous n'êtes pas familier avec cet auteur, ne les considérez absolument pas avant d'être entré dans l'histoire. On peut leur trouver bien des défauts : ils ne sont pas esthétiques, manquent d'âme, gênent à la lisibilité des émotions des personnages... je suis d'accord avec tout ça. Mais lorsque ces dessins, se conjuguent aux dialogues et aux situations dans lesquelles se trouvent les personnages... c'est là qu'apparaît le miracle !
Dans cette BD, instinctivement et mentalement, j'ai beaucoup décalqué la prosodie (j'entends la musicalité dans la façon de parler) de Leslie Nielsen dans Y a-t-il un pilote dans l'avion : cette manière exagérément sérieuse de dire des répliques bidons, ou de dire des répliques sérieuses dans un contexte bidon.
Un pur bonheur d'absurde.