Mort aux vaches: gangsters et fermiers contre-attaquent dans un polar joyeux et décapant

Critique, extraits et découverte du travail de Francois Ravard sur: https://branchesculture.com/2016/09/22/bd-mort-aux-vaches-polar-humour-detonnant-ducoudray-ravard/


Mort aux vaches, mort aux condés, mort aux bourgeois etc. Vous connaissez la chanson, on ne va pas vous la refaire mais ainsi vous aurez un petit aperçu dans le récit de cavale de l’inarrêtable Aurélien Ducoudray et du très prometteur François Ravard. Une couverture à faire pâlir les affiches des meilleurs polars français des années 60 et 70 et nous voilà projetés dans les quelques jours qui suivent un casse complètement dingue. Seulement voilà, la mise au vert (et à la campagne) ne va pas se passer comme… prévu.


Résumé de l’éditeur: « Dis donc ta gagneuse là, tu trouves pas qu’elle ressemble à une Marianne de mairie défavorisée…» Ferrant, Romu, Cassidy et José. Deux vieux gangsters homosexuels sur le retour, une nymphette et un monsieur muscle dans l’enceinte d’une ferme. Si le casse a réussi, ce n’est pas encore la vie de château pour les associés malfaiteurs. D’autant que le vieux cousin Jacky s’est improvisé éleveur bovin spécialiste en génétique, et qu’il cache ses bêtes atteintes de la vache folle.


Ne venez pas dire que c’est cliché, c’est normal, c’est voulu et les deux auteurs en jouent avec un malin plaisir. Ainsi, dans Mort aux vaches, c‘est un casting d’enfer qui compose cette fresque truande et hyper-divertissante.


Jugez plutôt: des gendarmes pas si loin de Saint-Tropez et ne voyant pas plus loin que le bout de leur nez; des braqueurs archaïques, anarchico-anachronique dans une époque qui semble être la nôtre, ou, du moins, n’en est pas loin; une braqueuse amatrice passée allumeuse professionnelle, deux gays, une vache folle et des fermiers qui, pour vaincre la solitude, s’en vont chercher l’amour à l’est. Tout un programme.


Avec ses personnages savamment explosifs, inutile de vous dire que les deux auteurs nous emmènent dans un trip détonnant où les braqueurs ne sont pas vraiment doués pour faire profil bas. En témoigne, par exemple une bagarre pas comme les autres mais épique dans une discothèque et bien d’autres passages hilarants.


Ventura n’est jamais loin (les baffes se perdent, d’ailleurs), Audiard non plus Ducoudray-isé (« Ravachol de supérette ! Guernica en carton ! Miterrandiste !« ) et François Ravard, inspiré, livre un hommage inventif et, tour à tour, sensuel, viril et avec une ambiance impériale (quelques successions de cases muettes à la force hallucinante). Quelle révélation.


C’est bien connu, les héros n’ont pas froid… aux yeux. Et dans le genre, François Ravard et Aurélien Ducoudray sont sacrément burnés, réinventant un genre qu’on pensait, sauf rares exceptions, éculé depuis des lustres! Loin de l’industriel, on revient au « fait main », cousu sur mesure. Et quel spectacle, ça donne!

Créée

le 22 sept. 2016

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