Hiver 1914. Les combattants de la première guerre mondiale subissent leur premier hiver passé sur le front et le constat est sans appel : le froid est mordant, l'eau glacée et le manque de vivres se fait sentir.
L'armée Française est incapable de gérer cette situation car rien n'a été prévu à l'avance pour que les soldats aient une tenue adaptée. Pire, le transport de fret et de munitions devient de plus en plus difficile à cause des routes impraticables et du froid qui détériore les moteurs des camions de transport. Un appel d'offre est lancé pour déterminer quel groupe industriel est le mieux équipé et le plus compétent pour s'occuper de l'acheminement des marchandises.
Pendant que les entreprises du secteur privé montent leur dossier et arrosent les autorités, le Capitaine Mufflot, vétéran de Vosges, propose une idée folle : partir en Alaska pour y dénicher 400 chiens de traîneaux afin de crée une unité de combat et ravitaillement d'un genre nouveau.
Basée sur une histoire vraie, initialement classée secret défense par l'armée française, La BD se focalise principalement sur le parcours romancé du capitaine Mufflot, chef d'un régiment de chasseurs Alpins.
De sa capture à son départ pour l'Alaska, en passant par son évasion et son retour auprès de sa femme, le récit se permet d’être soutenu, bourré de péripéties et réussi à ne jamais perdre le lecteur en cours de route.
Néanmoins, le personnage de Mufflot n'est pas des plus sympathique : Il est sans aucun doute un homme d'action courageux au tempérament bouillant mais malgré ses idées progressistes pour l'aspect militaire, il n'en reste pas moins un homme de son temps: égoïste, misogyne et intraitable avec l’ennemi. Au final, il est difficile de s'attacher et de s'identifier au personnage.
Surtout lorsque la grande majorité des protagonistes du récit se comportent comme des fieffés voleurs.
Là où L'ambulance 13 , Putain de guerre et Les Sentinelles nous montrent des conscrits participant à cette guerre contre leur gré, Les Poilus d’Alaska préfère se focaliser sur des personnes qui ont déjà eu un passé militaire et qui agissent avant tout en militaire. Il n'y a donc pas de remise en question où d'idées pacifistes, « la guerre est là et il faut la gagner. »
Pour les dessins, Félix Brune opte pour un trait semi-réaliste qui sied à merveille pour les expressions faciales et les mouvements des personnages mais qui n'arrive pas à donner au décor un aspect de froideur et de détresse absolue. La colorisation d'Albertine Ralenti règle plus ou moins ce problème avec une palette de couleurs sombres et en concordance avec le récit.
Rythmé, original, bien documenté et plutôt bien dessiné, le premier tome des Poilus d'Alaska est une excellente introduction qui donne envie d'en savoir plus sur cet aspect méconnu de la Première Guerre mondiale.
Un très bon moment de lecture.